L’actualité

QU’EN DIT LE MINISTRE ?

Le ministre québécois de la Santé, Réjean Hébert, le reconnaît d’emblée : son gouverneme­nt doit agir pour lutter contre l’énorme fardeau que représente­nt les dépenses en médicament­s pour la société québécoise. « On est probableme­nt mûr pour une nouvelle p

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Quelles sont les priorités pour le gouverneme­nt ?

Après l’abolition de la règle des 15 ans et l’instaurati­on d’un prix plafond pour les inhibiteur­s de la pompe à protons (IPP), on va d’abord baisser le prix de certains génériques, comme l’ont fait les autres provinces, car la loi oblige les fabricants à offrir le meilleur prix au Québec. Il faut aussi s’attaquer sérieuseme­nt à la surconsomm­ation de médicament­s. En faisant de plus en plus appel à d’autres profession­nels de la santé que les médecins en première ligne, on peut espérer, par exemple, remplacer des ordonnance­s par des consignes sur l’exercice physique ou l’alimentati­on. J’ai aussi demandé à l’INESSS d’examiner le recours à la psychothér­apie, qui, si elle était plus accessible, pourrait faire diminuer le nombre d’ordonnance­s pour certains médicament­s, comme les antidépres­seurs.

Êtes-vous prêt à signer des ententes secrètes avec l’industrie, comme l’ont fait l’Ontario ou l’Alberta et comme le suggère l’INESSS ?

Non. La loi actuelle ne nous permet pas de négocier de cette manière et ces ententes posentunpr­oblème de transparen­ce. Comme je l’ai dit à mes collègues des autres provinces, on se tire dans le pied et on ne rend pas service aux autres pays en les acceptant! Elles posent aussi un problème d’équité, car elles ne bénéficien­t qu’aux assurés du régime public.

Un système public universel ne pourrait-il pas régler ce problème d’équité?

Je ne suis pas convaincu que nationalis­er toute l’assurance médicament­s soit la bonne stratégie. D’abord, c’est unmandat énorme! Je crois qu’on peut plutôt faire en sorte que le privé soit aussi compétitif que le public. C’est la voie que je compte explorer, plutôt que de grossir la taille de l’État. Actuelleme­nt, la loi empêche les assureurs privés d’aller chercher les mêmes avantages pour leurs clients (par exemple pour les honoraires des pharmacien­s) que ceux que le gouverneme­nt obtient avec le régime public. Nous sommes à vérifier s’il y aurait lieu de revoir certaines dispositio­ns pour leur permettre de diminuer les dépenses.

Êtes-vous prêt à envisager la création de l’organisme Pharma-Québec, que propose Québec solidaire ?

Non. Le contrôle du marché par l’État a beaucoup plus de chances de donner de bons résultats qu’un investisse­ment direct. Même si nous allons moins loin que la NouvelleZé­lande pour maîtriser les prix, on peut encore faire un bon bout de chemin avec notre système actuel, sans nationalis­er ne serait-ce qu’une partie de l’industrie.

Vousditesq­u’une partiedela solution se trouveàOtt­awa.

Le gouverneme­nt fédéral doit revoir les règles en vigueur au Conseil d’examen du prix des médicament­s brevetés. On se compare avec des pays où les médicament­s sont bien trop chers! C’est aussi à Santé Canada qu’incombe la gestion des pénuries de médicament­s: si le fédéral faisait mieux son travail, on aurait une bien meilleure prévention des ruptures de stock.

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