GUILLAUME, PHOTOGRAPHE
Il a tiré le portrait d’un paquet d’artistes, de gens d’affaires, de gens de peu; il a photographié un festival de shintoïsme au Japon, des pêcheurs d’anguilles à Rivière-Ouelle, des planchistes en vrille, des bâtiments en ruine, des mariages heureux. Il pratique photoreportage, documentaire, publicité. Ouvert au maximum de la focale, Guillaume D. Cyr ne prend pas la pose : « Je me présente comme un photographe, pas comme un artiste qui a choisi la photo comme moyen d’expression. »
Pourtant, à l’ère où chacun clique à tout-va, il montre que l’art de la photo ne doit pas qu’à la conviction du regard; à l’oeil, il est bon d’ajouter un cerveau et un point de vue. Comme il le fait dans la trilogie consacrée à son coin de pays (il est né à New Richmond en 1982): Gaspésie human less, réalisée avec sa compagne, Yana Ouellet, musicienne de formation, maquilleuse professionnelle et… photographe par contagion. « Elle dit qu’elle a besoin de moi pour faire de la photographie, comme j’ai besoin d’elle pour faire de la musique. »
Le duo a achevé les deux premières parties de cet objet documentaire paré d’un halo esthétique: une série montre une cinquantaine de maisons abandonnées le long de la route 132, et l’autre capture villages et usines désertés de la Baie-des-Chaleurs; les deux corpus témoignant, en filigrane des images, du déclin des industries de la pêche et du bois.
Le troisième volet présentera des octogénaires, son grand-père en tête. « Je veux leur demander en quoi l’exploration pétrolière qui s’annonce en Gaspésie va changer la vie de leurs petits et arrière-petits-enfants. »
Chef de file de la photo à Québec, animateur du milieu culturel, Cyr pétille d’idées et d’initiatives, comme celle, tout de suite endossée par les peintres Martin Bureau et Paul Béliveau ainsi que le journaliste David Desjardins, d’investir, du 11 mai au 2 juin, le chantier du Diamant (futur théâtre de Robert Lepage, au carré d’Youville) avec une exposition associant arts visuels et installation littéraire, qui interrogera les thèmes du feu et de l’explosion. Le photographe dévoilera une trentaine de clichés de la série Tchernoland, pris lors d’un voyage sur les lieux de la catastrophe nucléaire.
Sur une note plus gaie, il offrira cet été, aux Rencontres internationales de la photographie en Gaspésie, le fruit d’une résidence en Vendée, exposition que les Français auront pu voir auparavant à La Tranche-sur-Mer. Le mot « mer » ramène Cyr en Gaspésie: « Depuis environ deux ans, il y a plus de monde qui y revient qu’il y en a qui en sort. » C’est pour quand, la petite maison?