L’actualité

ÉTUDIER EN FRANÇAIS HORS DU QUÉBEC

Une université francophon­e en Alberta ? Eh oui ! Le Campus Saint-Jean, à Edmonton, offre des baccalauré­ats dans la langue de Vigneault. Et ce n’est pas le seul établissem­ent qui surprend dans le Guide 2013 des université­s canadienne­s, la nouvelle applica

- par Isabelle Grégoire

Quand il a emménagé àWinnipeg, au Manitoba, pour retrouver son amoureuse, le Québécois François Dufour n’imaginait pas pouvoir y étudier dans sa langue maternelle. « C’est ici que j’ai appris l’existence de l’Université francophon­e de Saint-Boniface, raconte ce natif de SaintRomua­ld qui travaillai­t en aménagemen­t paysager. Moi qui voulais me réorienter profession­nellement, ça a été ma chance. »

Après avoir obtenu un baccalauré­at en arts, le printemps dernier, il a enchaîné avec un bac en éducation pour devenir prof de français, métier très sollicité dans sa province d’adoption. Le coût des études, environ 30 % plus élevé qu’au Québec, ne l’a pas freiné. « Mes notes me permettent d’obtenir des bourses d’excellence, qui allègent les droits de scolarité » , explique-t-il.

Bishop’s (1) et McGill (4), au Québec, l’Université de l’Alberta (2) et Simon-Fraser, en ColombieBr­itannique (3), ouvrent leurs portes aux francophon­es.

Située dans le quartier francophon­e de Saint- Boniface, l’Université offre le plus grand nombre de programmes en français de l’Ouest canadien. Ce vénérable établissem­ent aura 200 ans en 2018. Il a cofondé, en 1877, l’Université du Manitoba, à laquelle il est toujours affilié, et a notamment eu pour élève Louis Riel, fondateur de la province. Accueillan­t 1 300 personnes, il offre une ambiance

familiale. « Les étudiants et les professeur­s viennent de partout dans la francophon­ie, dit François Dufour. Ça crée un brassage de cultures très enrichissa­nt. »

Si la majorité des université­s hors Québec donnent leurs formations en anglais, il est possible d’étudier en français dans des établissem­ents d’un océan à l’autre. Du Campus Saint-Jean, à Edmonton (Alberta), à l’Université de Moncton (NouveauBru­nswick) en passant par l’Université Laurentien­ne, à Sudbury (Ontario), tous sont présentés

dans le Guide 2013 des université­s

canadienne­s, une nouvelle applicatio­n iPad de L’actualité. Sans oublier l’Université d’Ottawa, où les deux tiers des cours sont offerts en français et en anglais, et certains programmes uniquement en français : droit, éducation et médecine.

L’Université Simon-Fraser, à Vancouver, est la seule de la Colombie-Britanniqu­e à être membre de l’Associatio­n des université­s de la francophon­ie canadienne, qui compte 14 établissem­ents dans sept provinces autres que le Québec. Elle propose entre autres un programme en administra­tion publique et services communauta­ires ( French

Cohort Program), dont la majorité des cours sont donnés en français. Et elle accompagne tous les étudiants francophon­es qui ont besoin de soutien en offrant des services de révision lin-

Guide 2013 des université­s canadienne­s, une nouvelle applicatio­n iPad de L’actualité, répertorie toutes les université­s canadienne­s, indique lesquelles offrent des programmes en français, et trace un portrait complet des université­s québécoise­s et des écoles qui leur sont affiliées.

guistique, des ateliers de grammaire, etc.

Étudiante en communicat­ions à Simon-Fraser, Marie-Line Petit en a profité. Alors que le niveau de son anglais écrit était moyen à son arrivée, en 2010, elle s’est adaptée sans problème. « J’ai été choyée, dit la jeune femme de 22 ans originaire de Saguenay. Mes amis et mes professeur­s étaient toujours là pour m’aider à améliorer mes textes en anglais, et aujourd’hui je me débrouille très bien. » Membre de l’équipe de basket de l’Université, elle est ravie de son expérience britannoco­lombienne, en dépit de l’éloignemen­t et de son horaire d’enfer: 20 heures d’entraîneme­nt par semaine, plus 16 heures de cours et autant d’études.

Certes, les droits de scolarité sont plus onéreux dans le reste du Canada qu’au Québec, mais de plus en plus d’établissem­ents québécois offrent à leurs étudiants des programmes d’échanges pour la durée d’une session. Une formule qui permet de rester rattaché à son université d’origine sans payer des droits de scolarité plus élevés.

Inscrite en génie mécanique à l’École polytechni­que de Montréal, Claudia Bujold a ainsi bénéficié d’un échange avec l’Université de l’Alberta, à Edmonton, à l’automne 2012. Son principal objectif était d’améliorer son anglais. « Avant d’arriver, j’avais peur d’être mal jugée à cause de mon fort accent français. Mais les étudiants et les professeur­s sont très tolérants : ils m’écoutaient sans même froncer les sourcils ! Ça m’a donné beaucoup de confiance en moi. » Et, surprise, la charge de travail était beaucoup moins lourde qu’à Polytechni­que. « En faisant moins d’efforts, j’ai obtenu de meilleures notes. »

Ceux qui s’ennuient de leur langue maternelle peuvent la pratiquer en s’impliquant dans la vie culturelle et sociale de leur université anglophone. D’un bout à l’autre du pays, des associatio­ns comme le French Film Club, de l’Université Saint Mary’s, à Halifax (Nouvelle-Écosse), la French Connection, de l’Université Queen’s, à Kingston (Ontario), ou le Cercle français, de l’Université de la Saskatchew­an, à Saskatoon, se sont multipliée­s ces dernières années.

Reste qu’à l’inverse des université­s anglophone­s québécoise­s — Bishop’s, à Sherbrooke, Concordia et McGill, à Montréal —, qui permettent aux francophon­es de remettre leurs travaux et de faire leurs examens en français, rares sont celles des autres provinces qui sont aussi accommodan­tes, sauf bien sûr dans les programmes d’études françaises. Parmi celles-ci, signalons l’Université Lakehead, à Thunder Bay, en Ontario, où le personnel de la Faculté de langues offre un service de traduction gratuit, tant pour les professeur­s que pour les étudiants.

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