L’HABIT ET LE MOINE
Vouloir réglementer la façon dont le personnel de l’État s’habille nous ramène à la mentalité médiévale (« Charte sur table ! », 15 oct. 2013).
Anéantir la distinction entre ce qui est visible et ce qui représente la communauté, c’est mettre en péril un pilier de la modernité et rationaliser la privation de liberté personnelle sans motif légitime. Selon cette logique, et puisque l’État doit représenter tous les citoyens et citoyennes, le gouvernement pourrait aussi bien soutenir qu’il faut aussi interdire les symboles masculins, comme les cravates. Le désir d’utiliser le pouvoir coercitif de l’État pour réglementer la façon dont les gens s’habillent est une tentation totalitaire.
Arash Abizadeh
MONTRÉAL
Le Québec est la seule société homogène en Amérique du Nord. Il faut se rendre à la frontière mexicaine pour trouver, concentrée dans un lieu historiquement défini, une si grande proportion d’une population ayant les mêmes origines, histoire et langue. Un Québécois sur 10 est né à l’étranger, alors que la majorité des Torontois ne sont pas nés au Canada. Ce sentiment d’une origine commune donne l’idée d’une destinée commune. Les Québécois veulent que chacun garde sa liberté de conscience, mais que l’État s’abstienne de prendre parti au recrutement, au lobby, au culte inhérents à toute religion. La liberté de conscience est personnelle et n’a pas de vocation collective, alors que celui qui se dit atteint dans sa liberté de religion réclame réparation du fait de son appartenance à un groupe. Les orientations du gouvernement du Québec laissent à chacun sa conscience, mais aménagent dans la sphère publique, celle qui relève de l’État, les rapports avec les groupes qui font la promotion de leur religion.
Camille Chapdelaine
MONTRÉAL