L’actualité

LE CAVIAR DES SAUMONS FUMÉS

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L’histoire de Cathy Poirier et d’Alain Méthot, producteur­s du fameux saumon fumé Monsieur Émile, à Percé, tient du jeu de l’amour et du hasard.

C’est par hasard qu’Alain a attrapé le virus de la pêche au saumon dans les belles rivières de sa Gaspésie, en 1988. « Après ton premier saumon, tu ne parles que de ça, de mouches, de cannes à pêche. C’est une obsession, une drogue. Comme je n’aime pas le goût du saumon frais, j’ai dû apprendre à le fumer. Mais j’en ai brûlé beaucoup avant de maîtriser la technique et d’en produire régulièrem­ent. » Et c’est par amour que 12 ans plus tard, en 2000, Cathy a commencé à partager sa passion — et ultérieure­ment sa vie. « J’avais débuté en physiothér­apie à Gaspé. Je me suis convertie à la restaurati­on à Percé. J’ai mis son saumon à ma carte. Les clients ont aimé. Le bouche-àoreille a fait le reste. »

Tellement que, au bout de quelques années, il et elle décident de faire le saut en créant leur entreprise. Le fumoir s’appellera Monsieur Émile, en hommage au père d’Alain. Le premier saumon fumé en sortira le 23 juin 2006. Commencera un patient travail de mise au point de la production. Et de mise en marché dans des restaurant­s de Québec et de Montréal. Petit à petit, des chefs seront séduits. Un jour, Jérôme Ferrer, du très chic Europea, à Montréal, dira à l’émission Des kiwis et des

hommes, à la télé de Radio-Canada : « Le saumon fumé de Monsieur Émile est le meilleur au monde. »

La recette ? La fraîcheur du poisson, acheté au Nouveau-Brunswick, livré à Percé le lendemain de l’abattage et immédiatem­ent fileté et désarêté. La marinade aussi, un secret d’Alain. Puis le fumage comme tel, à froid, à températur­e et humidité minutieuse­ment contrôlées, à l’érable « pour le petit goût de sucré ». Tranché — au début à la main (un travail épuisant), aujourd’hui avec un bijou de machine —, mis sous vide, vendu toujours frais et jamais congelé, le Monsieur Émile est aujourd’hui un saumon fumé des plus recherchés. L’été, les touristes avertis ne manquent pas de passer au fumoir, sur les hauteurs de Percé. Le reste de la production, plus de 20 000 kilos par an, est écoulé surtout à Montréal.

Et peut-être un jour ailleurs ? « Au Salon internatio­nal de l’alimentati­on 2011, à Toronto, nous avons eu une demande énorme d’une quinzaine de pays, raconte Cathy. Plus récemment, nous avons rencontré un distribute­ur chinois, qui voudrait une exclusivit­é pour des restaurant­s très haut de gamme de son pays. Mais nous restons prudents dans nos objectifs de croissance. » Pour préserver leur qualité de vie, beaucoup. Et pour maintenir la qualité de leur produit. Comme dit Alain, « le jour où je ne pourrai plus faire du Monsieur Émile comme je l’aime, je n’en ferai plus ».

 ??  ?? Cathy Poirier et Alain Méthot, du fumoir Monsieur Émile. Leur saumon, vendu frais, est l’un des plus recherchés par les grands chefs.
Cathy Poirier et Alain Méthot, du fumoir Monsieur Émile. Leur saumon, vendu frais, est l’un des plus recherchés par les grands chefs.
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