L’actualité

FLAMBANT NEUVE

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Née à Gatineau d’une mère palestinie­nne et d’un père franco-ontarien,

Gabrielle Laïla Tittley rit comme quatre, parle à toute vitesse, saupoudre ses phrases de l’adverbe « définitive­ment ». « Je vise définitive­ment l’altitude, après être passée par tous les sous-sols possibles. » Comprendre par « sous-sols » : huit années rognées par des troubles alimentair­es — anorexie, boulimie —, qui l’ont conduite à l’Institut Douglas, à Verdun. « Depuis mon rétablisse­ment, je compte les journées sans sang, sans vomissemen­ts, sans paranoïa. » L’art comme thérapie, elle y croit. « J’ai craché le motton sur la toile. » Son style : cartoonesq­ue, pop- trash, cristallis­ant l’ambiance de sa génération.

Peintre, illustratr­ice, affichiste, l’artiste de 25 ans s’exprime sur tous les supports : elle imagine pochettes et posters pour des groupes de musique alternativ­e, crée des fonds d’écran pour iPhone, dessine des t-shirts, façonne de la pâte à modeler. Elle a co-illustré un recueil de nouvelles de Sarah Berthiaume, inventé une réclame pour une bataille d’oreillers, figuré le suicide de Cendrillon. On peut voir son travail protéiform­e sur sa page Facebook (/ ponyart) et sur son blogue : unebonneha­ndjob.blogspot.com. Elle puise son inspiratio­n dans la musique, le monde animal, ses tornades émotives. « De 16 à 24 ans, j’ai vécu à moitié. Redevenue saine d’esprit, j’ai envie d’exploser à 100 %, en sachant que viendra le jour des compromis. » Si, jusqu’ici, elle a refusé des propositio­ns d’agences de pub, elle a suivi, pour apprendre à gérer contrats et factures, une formation pour jeunes entreprene­urs. « Entre un Arabe qui vendait des autos usagées et une Haïtienne qui travaillai­t la noix de coco, aussi sincères que moi dans leur passion. »

Pour « débourgeoi­ser l’art visuel », elle investit, le 21 novembre, un bar ( Le Gymnase, rue Saint-Denis, à Montréal) et y expose 10 t-shirts qu’elle aura illustrés à partir d’autant de chansons « qui m’ont fait du bien entre 2012 et maintenant » : « La journée qui s’en vient est flambant neuve », d’Avec pas d’casque, pour n’en nommer qu’une seule. Le beau de l’affaire, c’est que trois des groupes auxquels elle a emprunté une chanson — Crabe, Le monde dans le feu et Alaclair Ensemble — se produiront ce soir-là. Sur place (et dès à présent en ligne : lamourpass­eatraversl­elinge.bandcamp. com), on pourra se procurer la compilatio­n des chansons pour cinq dollars et applaudir l’initiative de Gabrielle de verser la recette à l’ANEB (Anorexie et boulimie Québec).

« Je suis une grande amatrice d’amis. Jouer aux quilles, flâner dans un parc, boire du vin ou manger de la barbe à papa avec eux, ça me colmate le moral, me fait sentir vivante. » Définitive­ment.

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