MALADIE COELIAQUE : LA PISTE NEUROLOGIQUE
L’intolérance au gluten ne se manifesterait pas seulement par des symptômes digestifs ou intestinaux. Depuis plusieurs années, des observations, souvent controversées, laissent supposer une association entre la maladie coeliaque et des troubles neurologiques. Elles portent toutefois sur des cas rares, anecdotiques, parfois uniques.
Apparaissent, dans la liste de ces corrélations possibles, des problèmes neuromusculaires (il existerait une maladie appelée « ataxie au gluten », qui toucherait de 1 à 3 personnes sur 100 000), l’épilepsie, la migraine, l’autisme, plusieurs neuropathies (maladies du système nerveux), la sclérose en plaques. On a associé maladie coeliaque et dépression. On a aussi observé que certains schizophrènes avaient un taux élevé d’anticorps contre la gliadine, la composante néfaste du gluten.
Il pourrait également y avoir un lien, dont on ignore cependant la nature, entre maladie coeliaque et sclérose latérale amyotrophique (la SLA, dite aussi maladie de Lou Gehrig). Une équipe américaine a signalé un cas de ce genre en 2010. En 2013, une étude épidémiologique britannique a montré qu’il y avait « significativement plus de cas » de SLA parmi les patients ayant déjà eu un diagnostic de maladie autoimmune (dont l’asthme, le diabète juvénile, la sclérose en plaques, le lupus, la maladie coeliaque) que chez ceux qui n’en avaient pas eu. Mais encore une fois, il s’agissait de cas peu, voire très peu nombreux.
Corrélation n’est pas cause, bien sûr. On ne saurait dire si la gliadine est la cause directe de cette panoplie de troubles neurologiques. Ni si un régime sans gluten les guérirait. Neurologue au Royal Hallamshire Hospital, à Sheffield (Grande-Bretagne), le Dr Marios Hadjivassiliou a décrit pour la première fois l’ataxie au gluten. Il a publié plusieurs articles sur les liens entre gluten et troubles neurologiques. Pour lui, la maladie coeliaque « est seulement une des manifestations possibles de la sensibilité au gluten ». Sensibilité qui est « un désordre de l’organisme tout entier ».