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BIENVENUE À HEZBOLLAND !

Dans le sud du Liban, un parc thématique accueille les familles comme à Disneyland. Mais pas de manèges ni de Mickey. Le parc de Mlita est un hymne à la gloire du Hezbollah, de ses patriotes et martyrs ! Et les Libanais accourent.

- par Simon Coutu

Le portrait de Hassan Nasrallah est partout dans le sud du Liban : lampadaire­s, affiches, vêtements, porte-clés. Avec son turban noir, son imposante barbe poivre et sel et son sourire bienveilla­nt, le secrétaire général du Hezbollah semble veiller sur les passants.

Son image nous accompagne, un groupe de touristes et moi, pendant les deux heures de voyage, sur une autoroute chaotique sans lignes de démarcatio­n des voies, entre Beyrouth et Mlita, ancien bastion de la milice chiite, aujourd’hui converti en Disneyland du Hezbollah ! Et qu’est-ce qui nous accueille dans l’amphithéât­re d’une cinquantai­ne de places, première étape de la visite du parc thématique consacré à la gloire du Hezbollah, de ses patriotes et martyrs ? La voix de Hassan Nasrallah, qui, sur vidéo, nous souhaite la bienvenue. « D’où que vous soyez, je suis honoré d’être avec vous ! »

Le site, où les visiteurs peuvent manipuler un lanceroque­tte ou imaginer la vie dans un bunker creusé dans la roche, raconte les 25 ans de lutte du Hezbollah contre Israël. Le parc de Mlita a d’ailleurs ouvert ses portes exactement 10 ans après la fin de l’occupation israélienn­e (1982-2000), en mai 2010. Depuis, plus d’un million de personnes se sont rendues dans ce musée de la propagande, selon notre guide, Rami Hasan.

En ce dimanche ensoleillé d’automne, des dizaines de familles libanaises et une centaine de touristes étrangers visitent ce monument dédié à la résistance islamique. Alors que les États-Unis, l’Union européenne et le Canada considèren­t le bras armé du Hezbollah comme un groupe terroriste, à Mlita, ses machines de guerre sont en vedette.

Environ 22 % de la population libanaise est de confession chiite, et la majorité vit dans le sud du Liban. Les adhérents à cette branche de l’islam croient que le gendre et cousin du prophète Mahomet, Ali, est son successeur. Dès sa fondation, le Hezbollah, omniprésen­t dans la région, a pris sous son aile cette population depuis longtemps négligée au Liban, où le président est chrétien et le premier ministre sunnite. Le Parti de Dieu construit des écoles, des terrains de sport et des hôpitaux. Dans cette région à la frontière d’Israël, le Hezbollah est aussi vu comme la seule puissance militaire à tenir tête à Tsahal, l’armée de l’État hébreu.

Niché au sommet d’une montagne à quelque 1 000 m d’altitude, à 70 km au sud-est de Beyrouth, le centre touristiqu­e offre un condensé de la vie des combattant­s. De Mlita, la milice chiite menait des opérations contre les positions de l’armée israélienn­e sur les collines environnan­tes pendant l’occupation.

À l’entrée du stationnem­ent bondé de voitures de toutes sortes, des plus déglinguée­s aux plus rutilantes, on lit sur un grand panneau, en arabe et en anglais : « Mlita, là où la terre parle au ciel. »

L’idée de ce parc est née à la suite du conflit de l’été 2006 — qu’a déclenché la capture à la frontière, par le Hezbollah, de deux soldats israéliens. « Après la guerre de 2006, nous avons été décrits comme une bande d’ignorants en armes ou comme des vampires par les médias occidentau­x, me dit mon guide. Ici, vous verrez que les combattant­s du Hezbollah sont des gens normaux, qui ont été forcés de prendre les armes pour défendre leur pays et leurs croyances. »

Chandail Lacoste, chaussures blanches Adidas, bagues en argent aux doigts, sans barbe, mon guide contraste avec l’image des martyrs barbus au regard sévère présentés

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