POURRIS, TOUS POURRIS !
Petites magouilles, fréquentations douteuses, financement illégal, complicités syndicales, commissions d’enquête… L’opinion se complaît dans le spectacle nauséabond du lessivage. Tous pourris ! pense-t-elle. Elle se venge aussi en expédiant impromptu au Parlement des partis de protestation — de punition, faudrait-il dire. Tous pourris, vraiment ? Revenons 25 ans en arrière :
« Ce n’est pas vrai que la politique est sale. En tout cas, elle n’est pas plus sale que les autres entreprises humaines. Ce n’est pas vrai que tous nos politiciens ne sont là que pour se graisser la patte et ne servir que leurs vils intérêts. Ce n’est pas vrai que les politiciens ne pensent qu’à leur bien-être et jamais au bien-être de la population. « Mais il est vrai qu’un petit nombre de politiciens sont des salauds et que d’autres sont d’une incompétence crasse. On peut dire la même chose des médecins, des avocats et des plombiers… La politique québécoise, depuis 30 ans, n’est pas sale. Tous les gouvernements ont eu leur part de petits scandales, mais dans l’ensemble je crois que nous avons été gouvernés aussi proprement que possible. « Pourtant, nous continuons d’affirmer le contraire. Nous continuons de mépriser autant que faire se peut tout ce qui est politique, attribuant aux seuls politiciens tous les torts dont nous devrions nous accuser nous-mêmes. » ( Moi, je m’en souviens, par Pierre Bourgault, Stanké, 1989)