LE DRAGON VIRE AU VERT !
Étouffée par la pollution, la Chine réoriente ses priorités vers un développement plus durable. Un énorme marché s’ouvre aux entreprises innovantes en technologies propres.
Étouffée par la pollution, la Chine réoriente ses priorités vers un développement plus durable. Un énorme marché s’ouvre.
UN PLAN SÉRIEUX
En septembre 2013, le Conseil d’État, la plus haute instance du gouvernement chinois, a annoncé son Plan d’action pour la prévention et le contrôle de la pollution, qui prévoit notamment 10 mesures pour réduire la pollution de l’air d’ici 2017 et une surveillance beaucoup plus serrée des entreprises et des autorités locales. En mars 2014, le premier ministre, Li Keqiang, a déclaré aux membres de l’Assemblée nationale populaire que la Chine était entrée en guerre contre la pollution. Le mois suivant, le pays a réformé, pour la première fois depuis 1989, sa Loi sur la protection de l’environnement.
DES OCCASIONS D’AFFAIRES POUR LES ENTREPRISES ÉTRANGÈRES
+ Le contrôle des émissions atmosphériques industrielles. C’est la priorité absolue des autorités à court terme. Les équipements de traitement et de mesure des émissions d’oxydes de soufre et d’azote sont très demandés, mais la concurrence locale est forte.
+ Le traitement des eaux. Dans ce pays où l’eau du robinet n’est potable nulle part, le 12e Plan (2011-2015) prévoit la construction de 3 000 usines d’assainissement des eaux et 319 milliards de dollars d’investissements pour contrôler les rejets ainsi que traiter l’eau et les boues d’épuration. Les multinationales du traitement de l’eau, comme Vivendi, occupent déjà le terrain dans les mégalopoles chinoises. Mais le pays compte plus de 650 villes de plus de 100 000 habitants…
+ Le traitement des sols contaminés. Quelque 100 000 installations industrielles ont fermé leurs portes de 2001 à 2009. En 2014, le gouvernement a annoncé que plus de 10 % des terres agricoles sont gravement contaminées par des pesticides et métaux lourds, et a lancé un ambitieux plan d’action pour la réhabilitation des sols. Peu d’entreprises chinoises ont ce savoir-faire. + Le boum de l’énergie distribuée. Le gouvernement chinois encourage fortement toute production d’énergie destinée à être utilisée sur place, par une usine par exemple. Même si les entreprises chinoises dominent le marché des panneaux solaires, il y a de la place pour d’autres formes d’énergie distribuée (biomasse, petite hydroélectricité…) et pour les technologies de réseaux intelligents.
+ Les bâtiments verts. Pour le gouvernement chinois, l’urbanisation est synonyme de développement et de modernisation du pays. Il prévoit que d’ici 2020 plus de 100 millions de per-
sonnes déménageront en ville. Or, les bâtiments, immeubles d’habitation et espaces commerciaux et institutionnels sont souvent mal isolés et consomment déjà le cinquième de l’énergie du pays. Résultat, un grand chantier de construction écologique s’amorce, avec l’instauration de normes écoénergétiques plus strictes pour tous les nouveaux bâtiments. Diverses grandes villes, comme Shanghai, ont aussi lancé des plans de remise à niveau des immeubles existants. Mais les investisseurs demeurent prudents, car le financement public pour l’écoconstruction reste peu clair.
+ Les transports écologiques. Le nombre de voitures en Chine est passé de 5,3 millions à 136 millions de 1990 à 2013, d’où une congestion et une pollution croissantes. Objectif : 5 millions de voitures électriques sur les routes en 2020. La demande est aussi forte du côté du transport en commun, tant pour la mise au point de nouveaux véhicules que pour les systèmes de gestion du trafic.
+ La gestion des déchets solides. La Chine accuse pour l’instant un retard très important sur les pays occidentaux dans le domaine du traitement et du recyclage des déchets solides — et la quantité d’ordures ménagères devrait plus que tripler d’ici 2030, pour atteindre deux fois celle des États-Unis ! Actuellement, moins de 80 % des déchets domestiques sont enfouis, incinérés ou traités autrement. On estime que, juste dans les environs de Pékin, il existe plus de 1 000 grands dépotoirs illégaux.