ÉCHAPPER AU VIRUS POUR MOURIR DE FAIM ?
Ebola a déjà fait des milliers de victimes. Mais même si un traitement miracle venait à bout du virus du jour au lendemain, celui-ci continuerait de faucher des vies. Car Ebola menace aussi les garde-mangers… Les cultivateurs ayant fui les régions touchées, la production alimentaire périclite et les marchés publics tournent au ralenti. Résultat : les prix grimpent. À Monrovia, capitale du Liberia, le prix du manioc a augmenté de 150 % depuis le début de la crise. Beaucoup de familles consacrent désormais 80 % de leurs revenus à la nourriture, selon l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation. Et pas question de se rabattre sur la chasse au gibier. Il s’agit d’un vecteur du virus ! Pour éviter que cette crise sanitaire ne se transforme en crise alimentaire, le Programme alimentaire mondial (PAM), agence de l’ONU financée par des contributions volontaires, viendra en aide aux régions les plus touchées. En Guinée Conakry, en Sierra Leone et au Liberia, 1,2 million de personnes — en priorité les familles touchées par la maladie — bénéficieront d’aide alimentaire. L’objectif est, bien sûr, de leur permettre de se nourrir, mais aussi d’éviter que les malades ne sillonnent les quartiers ou les villages afin de trouver de quoi manger. Plus facile à dire qu’à faire. Comme l’a souligné la directrice régionale du PAM en Afrique de l’Ouest, Denise Brown, il s’agit de « souffrance humaine au plus haut degré de complexité » .