QUI S’INSTRUIT S’ENRICHIT ?
Les salaires des diplômés du secondaire augmentent plus vite que ceux des diplômés universitaires. Au point que l’écart entre les deux ne cesse de se rétrécir... User ses fonds de culotte sur les bancs de l’école en vaut-il encore la peine ?
Soudeur, machiniste, chauffeur de grue, belle vie assurée ? Oui... et non. Certains diplômes professionnels assurent certes de bons salaires à l’entrée. Un soudeur spécialisé du secteur de la construction, par exemple, peut gagner jusqu’à 85 000 dollars par année en sortant de l’école.
De quoi faire rêver les diplômés universitaires. En tenant compte de l’inflation, leur salaire de départ n’a augmenté que de 143 dollars par année de 1999 à 2013, soit 2,75 $ par semaine. Même pas de quoi se payer un café au lait !
« Dans les années 1970, un diplôme universitaire valait plus cher, tout simplement parce qu’il était plus rare, selon Mircea Vultur, chercheur à l’INRS. Aujourd’hui, il y a une surabondance de diplômés, et le marché du travail n’arrive pas à absorber toute cette maind’oeuvre. »
Mais si l’écart du salaire de départ se resserre, il reste que, à long terme, les travailleurs plus instruits ont plus de chances de s’enrichir. Sur un horizon de 20 ans, un bachelier gagne en moyenne 585 000 dollars de plus qu’un titulaire d’un diplôme
d’études secondaires, selon Statistique Canada. Si l’on répartit cette somme annuellement, on arrive à un écart de près de 29 000 dollars par année !
Bien qu’alléchants au départ, les salaires des « gens de métier », comme les menuisiers, électriciens et mécaniciens, plafonnent plus rapidement que ceux des techniciens comptables ou des ingénieurs. Très physiques, ces emplois débouchent de surcroît sur de moins longues carrières, en plus d’être tributaires du contexte économique.
Le vent tourne, d’ailleurs, pour les conducteurs de grues, en raison du récent ralentissement causé par la fin de certains grands chantiers québécois. Alors qu’ils gagnaient jusqu’à tout récemment plus cher qu’un ingénieur en informatique, ils peinent maintenant à trouver du travail…
Alors, qui s’instruit s’enrichit ? Ce vieux dicton des années 1960, à l’époque où le Québec avait l’un des plus bas taux de scolarisation au monde, reste vrai encore aujourd’hui.