COMMENT S’EN PROTÉGER
Renforcer les lois pour prévenir les actes terroristes, c’est peut-être bien. Empêcher qu’une personne se radicalise, c’est encore mieux. Et des moyens, il en existe !
LIRE LE CORAN
L’association Bel Agir, organisation sans but lucratif fondée en 2002, offre des classes d’éveil à l’islam pour les adolescents ainsi que des conférences sur la spiritualité musulmane. Ces activités ont lieu au Centre Bel Agir, rue Saint-Hubert, à Montréal, ou dans l’une ou l’autre des mosquées membres de l’association, à Québec, à Laval et à Aylmer. La plupart des activités s’adressent à la communauté musulmane, mais certaines sont ouvertes à tous.
« Ce type d’activités sape le radicalisme à la racine, parce qu’il offre des contenus religieux qui ne sont pas simplificateurs comme ceux des extrémistes », explique Bochra Manaï, qui prépare un postdoctorat sur la radicalisation des jeunes à l’INRS-Urbanisation, Culture et Société. Cet enseignement, précise-t- elle, donne les clés pour comprendre les textes coraniques ; c’est le meilleur rempart contre les détournements de sens qu’en font les radicaux.
D’autres mosquées québécoises offrent aussi des activités de ce genre.
S’OCCUPER DE SANTÉ MENTALE
Lamine Foura, cofondateur du Congrès maghrébin au Québec, voudrait que l’on offre aux imams une formation sur les ressources en santé mentale dans la province pour qu’ils puissent diriger leurs croyants instables vers celles-ci. « Si mon voisin est en détresse psychologique, c’est mon devoir de l’orienter vers le bon service, dit-il. Ce devrait être la même chose dans nos institutions religieuses. »
La société a un sérieux examen de conscience à faire, estime Valérie Amiraux, professeure au Département de sociologie de l’Université de Montréal, dont les travaux portent entre autres sur le pluralisme religieux et la radicalisation. « Comment se fait-il qu’en 2014, au Québec, de jeunes garçons se trouvent dans des situations de drames et de difficultés affectives telles qu’ils en viennent à commettre un geste pareil ? Pour eux, c’est le meurtre ou le suicide. »
EN FINIR AVEC LE CHÔMAGE
« Dans un CV, un nom comme Mohammed diminue les chances d’une personne d’être embauchée », souligne Monsef Derraji, président du Congrès maghrébin au Québec. Rien pour amoindrir le sentiment d’exclusion, carburant de la violence…
Dans le cadre d’une étude effectuée en 2012 pour la Commission des droits de la personne du Québec, Paul Eid, professeur de sociologie à l’UQAM, a démontré qu’un candidat portant un nom franco-canadien a 60 % plus de chances d’être convoqué en entrevue dans le grand Montréal qu’un candidat au CV presque identique ayant un nom à consonance africaine, arabe ou latino.