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8 FAÇONS DE CONTRER EBOLA

Aide financière et soutien logistique aux pays africains décimés par le virus, mise au point d’un vaccin : le monde s’active à combattre l’une des plus inquiétant­es épidémies de son histoire. Et le Québec n’est pas en reste.

- par Valérie Borde

LE

virus Ebola sévit depuis au moins 40 ans en Afrique, mais le monde n’a jamais eu à faire face à une épidémie de fièvre hémorragiq­ue d’une aussi grande ampleur. Les Nations unies jugent même que la situation est devenue incontrôla­ble en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone.

Fin août, l’Organisati­on mondiale de la santé (OMS) publiait une feuille de route qui devait permettre d’enrayer en six à neuf mois la transmissi­on du virus dans les pays touchés et de prévenir la propagatio­n internatio­nale. Quelque 3 000 personnes avaient alors contracté l’Ebola. Mais la lenteur de la communauté internatio­nale à réagir à ce virus se propageant rapidement parmi une population démunie et paniquée a fait voler en éclats ce plan de riposte. Personne ne peut prédire aujourd’hui comment évoluera l’épidémie, combien de temps elle durera ni quels dommages collatérau­x elle entraînera.

Sous nos latitudes, les experts croient qu’on arrivera à contenir le virus, même si cela devait exiger des efforts logistique­s et financiers plus importants qu’on ne le prévoyait. Mais l’augmentati­on exponentie­lle du nombre de cas en Afrique — plus de 10 000 à ce jour — accroît les risques sur toute la planète.

Au final, il est possible que le virus soit maté dans quelques décennies, après la vaccinatio­n massive de millions de personnes. D’ici là, il faudra limiter ses ravages et gagner du temps. Comment ?

1/

FINANCER L’AIDE SUR PLACE. Le 15 octobre, le Canada annonçait qu’il ajouterait 30 millions de dollars aux 35 millions déjà remis aux organisati­ons humanitair­es qui luttent contre l’épidémie en Afrique. Mais les promesses tardent à se concrétise­r sur le terrain. Les ÉtatsUnis, qui ont envoyé des soldats pour construire des centres de traitement des malades dans 17 villes, craignent que cette tâche ne soit pas achevée avant le début de décembre. D’ici là, ces équipement­s ne suffiront peutêtre plus à la demande.

L’aide internatio­nale doit aussi servir à traiter les effets indirects de l’épidémie, notamment à prendre en charge les innombrabl­es orphelins. On prévoit que, dans les trois pays touchés, 120 000 femmes pourraient mourir dans la prochaine année en accouchant dans de mauvaises conditions sanitaires, parce qu’elles auraient peur de se rendre à l’hôpital ou que le système de santé se serait effondré.

Même si une aide massive est acheminée, elle risque de ne pas suffire à enrayer l’épidémie, croient des experts, dont Peter Piot, codécouvre­ur du virus, en 1976, et conseiller scientifiq­ue pour l’OMS. Selon lui, les méthodes qui ont permis de juguler les épisodes précédents ne suffisent plus en Guinée, au Liberia et en Sierra Leone. Sans vaccin, il sera difficile d’éviter la contagion du Mali, de la GuinéeBiss­au et de la Côte d’Ivoire, expliqueti­l, et peutêtre de 12 autres pays de la région.

2/

FERMER LES FRONTIÈRES ? L’OMS s’oppose à la fermeture des frontières de la Guinée, de la Sierra Leone et du Liberia, parce que cela compliquer­ait l’achemineme­nt de l’aide humanitair­e ou alimentair­e et aurait des répercussi­ons économique­s désastreus­es. Il est d’ailleurs illusoire de penser que personne ne parviendra­it à franchir des frontières fermées. Un blocus risquerait au contraire de compliquer le suivi de la population à risque d’être infectée, en encouragea­nt les gens à mentir sur leurs origines ou leur état de santé. Les contrôles sanitaires aux ports, frontières terrestres et aéroports de départ restent la mesure la plus pertinente.

La suppressio­n de vols directs avec les pays touchés comporte aussi des risques : forcé de multiplier les correspond­ances, un voyageur pourrait contaminer davantage de personnes dans un plus grand nombre d’endroits.

3/

SE PRÉPARER AU PIRE. Jusqu’à présent, les contrôles se sont montrés très efficaces. Seules quelques personnes ont été infectées hors d’Afrique par des voyageurs qui ont introduit le virus aux ÉtatsUnis et en Espagne.

Mais la situation pourrait être bien plus inquiétant­e si le virus était transporté dans des régions où les systèmes de santé sont moins performant­s, dans des mégalopole­s de pays en développem­ent ou dans des zones de guerre. L’ONU, l’OMS et les organisati­ons humanitair­es se sont préparées à cette éventualit­é et peuvent déployer des « frappes sanitaires » ciblées. À ce jour, elles ont pu agir à temps au Sénégal et au Nigeria. Les flambées épidémique­s dans ces deux pays ont été déclarées officielle­ment terminées le 17 et le 20 octobre.

4/

DEMEURER VIGILANT AU QUÉBEC. Les autorités de santé sont consciente­s de la menace. Plus le nombre de cas augmente en Afrique de l’Ouest, plus il est probable que des personnes infectées parviendro­nt jusqu’ici. Mais le nombre de cas potentiels reste très faible. Par ailleurs, les conditions sanitaires au Québec ne favorisent pas la propagatio­n d’un virus qui ne se transmet que par contact avec les fluides corporels. Les Québécois courent bien plus de risques d’être tués par un conducteur qui texte au volant que par Ebola !

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Aucun traitement contre Ebola n’a encore fait ses preuves. L’OMS compte sur la mise au point d’un vaccin, sur des mesures préventive­s, notamment lors du déplacemen­t de victimes, et sur l’aide alimentair­e pour les zones touchées.

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