L’ÉTERNEL COMBAT CONTRE LA CORRUPTION
Amoralité, avarice, chantage, combine, conspiration, corruption, crapulerie, cupidité, cynisme, détournement, exaction, fraude, laxisme, magouille, malversation, manigance, rapacité, trafic d’influence, tripotage, vénalité : la commission Charbonneau a enrichi le vocabulaire politique québécois.
René Lévesque croyait avoir mis fin à ces ruineux abysses de malhonnêteté par des réformes radicales des institutions. Mais chassez le naturel, et il revient au galop... par la porte arrière. On achetait les votes, on s’achète maintenant une caisse électorale. Voilà ce qu’il disait à L’actualité dans sa dernière entrevue comme premier ministre, à quelques heures de sa démission, le 20 juin 1985 :
« L’instauration de l’intégrité du processus politique est peut-être la chose dont je suis le plus fier. Au Québec, il n’est plus possible aujourd’hui d’acheter des votes avec des cadeaux. Ni même avec des promesses en l’air… Il faut qu’un parti ait fait la preuve de son sérieux pour promettre quelque chose. C’était là la base de tout. Sans ça, rien du reste n’est possible.
« Je me suis fait dire à l’étranger que cette intégrité, c’est pas possible ! Eh bien ! Ici, c’est possible ! Est-ce que ça va survivre, durer, est-ce que c’est vraiment dans les moeurs ? Aux niveaux inférieurs, il y aura toujours un peu de grenouillage, la nature humaine est la nature humaine, mais au niveau de l’État, c’est irréversible, je pense. » ( L’actualité, 1985)