DES TCHÉTCHÈNES QUI SÈMENT LA TERREUR
Moscou a gagné la guerre en Tchétchénie, mais des centaines de Tchétchènes, mi-mercenaires, mi-djihadistes, poursuivent leur combat en Syrie et en Irak, pour le compte du groupe armé État islamique.
Tarkhan Batirashvili, alias Omar le Tchétchène, serait passé, en deux ans, des geôles de Géorgie au poste de leader militaire de la nouvelle bête noire de l’Occident. Il a fui sa Géorgie natale il y a deux ans pour mener la guerre sainte en Syrie et en Irak. Le combattant de 28 ans a fait la démonstration de ses talents de stratège militaire lors de la prise de Mossoul, deuxième ville d’Irak, en juin. Reconnaissable à sa longue barbe rousse, il apparaît depuis sur de nombreuses photos et dans les vidéos de l’EI qui circulent sur Facebook et Twitter.
Né en 1986 d’un père géorgien et d’une mère tchétchène, Batirashvili a grandi dans la vallée reculée du Pankissi, en Géorgie, non loin de la frontière avec la Tchétchénie. Cette vallée, qui servait de base arrière aux combattants tchétchènes lors des deux guerres contre la Russie, serait un véritable « Harvard du ter- rorisme », selon Patrick M. Skinner, consultant en sécurité pour le groupe américain Soufan, cité par l’hebdomadaire français L’Express. À 21 ans, Tarkhan s’engage dans l’armée géorgienne. Il intègre une unité de renseignement entraînée par les Américains, mais est arrêté en 2010 pour possession illégale d’armes. Derrière les barreaux, il se convertit à l’islam radical. Il sort de prison 16 mois plus tard et fuit en Turquie, puis se rend en Syrie, où, comme plus d’un millier d’autres Tchétchènes, il prête allégeance à Abou Bakr alBaghdadi, le calife de l’EI, qui combat le régime syrien soutenu par Moscou. En se hissant à la tête de l’armée de l’EI, Batirashvili « réussit ainsi l’exploit de devenir le nouveau cauchemar des Américains tout en restant celui des Russes », conclut Le Nouvel Observateur.