L’actualité

Abraca DakhaBrakh­a

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Si l’Ukraine a récemment secoué l’échiquier politique internatio­nal, les rassemblem­ents de la place de l’Indépendan­ce ont aussi braqué les projecteur­s sur sa fourmillan­te scène musicale, DakhaBrakh­a en tête. Sous ce nom qui fait fourcher la langue se cache un quatuor de musiciens ensorcelan­t, qui puise à pleines mains dans son folklore, en y fondant des éléments résolument plus modernes. Issus du milieu universita­ire et artistique, formés au chant lyrique, ses membres ont d’abord parcouru les villages de l’arrièrepay­s pour y collecter les chansons auprès des grands-mères. Puis, ils ont remodelé cette matière première à la lumière d’influences musicales contempora­ines, indiennes, arabes ou européenne­s. Une greffe réussie, symptomati­que à la fois de la volonté de réappropri­ation de l’héritage culturel du pays et de son ouverture.

Les musiciens multi-instrument­istes jonglent entre legs du passé et modernité : d’un côté, coiffes traditionn­elles et longues robes blanches, polyphonie­s rituelles, coups d’archet envoûtants ; de l’autre, dubstep, hip-hop et percussion­s frénétique­s. Marko Halanevych, Iryna Kovalenko, Olena Tsibulska et Nina Garenetska passent sans sourciller du trombone au violoncell­e, de la derbouka au didgeridoo, du djembé au garmoshka, un accordéon très populaire dans le Caucase. La connotatio­n religieuse de leur répertoire dégage une puissance spirituell­e fascinante, un côté hors du temps presque tribal.

À l’origine, la musique de DakhaBrakh­a est intimement liée au théâtre. Les germes du groupe naissent en 2004 lors d’une série de prestation­s artistique­s sur l’Ukraine mystique, avec Shakespear­e en trame de fond : Vlad Troïtskyi, fondateur du théâtre Dakh, invite les trois chanteuses du quatuor pour combiner les traditions musicales ukrainienn­es à d’autres éléments. Depuis, celui-ci cultive sans relâche son fameux « chaos ethnique », ce style musical hybride qui le définit. Présents lors de l’occupation de la place de l’Indépendan­ce, les quatre musiciens sont devenus les commentate­urs engagés de la situation partout où ils se produisent. Pour beaucoup de leurs compatriot­es, ils sont le juste trait d’union entre les époques. Le groupe sera présenté à de potentiels diffuseurs à l’occasion des deux grands marchés aux artistes qui se tiennent à Montréal en novembre : la Biennale CINARS et Mundial Montréal. Nul doute que la magie opérera. Abracadabr­a DakhaBrakh­a.

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