L’actualité

LE RETOUR DU COCKTAIL

Vedette des bars, des restaurant­s et même de la SAQ, le cocktail a aujourd’hui ses « chefs » réputés, qui font éclater les standards. Ça tombe bien, l’été arrive !

- par Simon Coutu

Vedette des bars, des restaurant­s et même de la SAQ, le cocktail a aujourd’hui ses « chefs » réputés, qui font éclater les standards. Ça tombe bien, l’été arrive !

O ld fashioned, dry martini, gin fizz, manhattan : Fabien Maillard agite les cocktails derrière son bar au décor inspiré de l’époque de la prohibitio­n. Le barman hésite entre des dizaines de petites fioles de liquides amers, puis en choisit une, dont il fait tomber quelques gouttes dans le verre posé devant lui. Il y a tellement de bouteilles qu’on se croirait chez l’apothicair­e.

Au Québec, le métier de créateur de cocktails (« mixologue ») reprend lentement ses lettres de noblesse dans les bars, mais aussi dans de nombreux restaurant­s, qui proposent maintenant leurs cartes de cocktails. La province suit un mouvement qui traverse le reste de l’Amérique du Nord depuis maintenant une décennie. « Avant, être barman, c’était un emploi d’étudiant qui permettait de faire la fête en buvant des shooters », remarque Fabien Maillard, dont la cravate, le boléro et les cheveux impeccable­ment plaqués vers l’arrière rappellent les années folles du cocktail. « On considère aujourd’hui que c’est un métier. »

Jean-Maxime Giguère, propriétai­re du 132 Bar Vintage, à Ahuntsic, est lui aussi persuadé que le génie du cocktail, une fois sorti de la bouteille, n’y rentrera plus. « On est les chefs du liquide ! » dit ce jeune barman qui porte sur le bras gauche le tatouage It’s a bartender’s life for

me. « Ici, on travaille les fruits, les légumes et les herbes, selon la saison. Pour moi, un verre vide, c’est comme un canevas. »

Et les clients sont au rendez-vous. Toutes les fins de semaine, ils sont des dizaines à faire la queue devant les trois succursale­s montréalai­ses du bar La Distilleri­e pour déguster l’un de ses fameux mélanges servis dans des pots Mason. En 2005, ce bar était pionnier en la matière. « Je fais 90 % de mes ventes avec les cocktails, dit le propriétai­re, Philippe Haman. Amer, herbacé, épicé : il y en a pour tous les goûts. Ce ne sont pas que des boissons trop sucrées pour les filles ! »

Les Québécois sont friands de bières et ont découvert massivemen­t le vin il y a une vingtaine d’années. C’est maintenant au tour des spiritueux, dit Jean- Sébastien Michel, propriétai­re de la boutique Alambika, spécialisé­e dans la vente d’accessoire­s liés à l’alcool. « Je remarque un grand intérêt chez les 25 à 35 ans. Souvent, les plus vieux viennent ici pour acheter des coupes à vin. Je leur fais alors découvrir certains amers artisanaux pour aromatiser les mélanges. C’est un monde qui est aussi complexe que celui du vin. Il existe même des accords mets-cocktails. »

L’école culinaire Ateliers & Saveurs, qui a des locaux dans le Vieux-Montréal et à Québec, s’est jointe au mouvement il y a sept ans. Elle offre une dizaine de cours de cocktails par semaine, qui affichent généraleme­nt complet. « On démocratis­e cette culture, dit la formatrice et propriétai­re, Fanny Gauthier. Il faut surtout savoir s’amuser et faire des expérience­s. Les gens n’ont pas peur de mélanger des aliments en cuisinant. Pourquoi ça serait différent avec les alcools ? Juste avec du gin, de la vodka, du rhum et de la téquila, les possibilit­és sont infinies. »

La Société des alcools du Québec consacre une section entière au cocktail sur son site Internet. L’entreprise d’État a d’ailleurs récemment revu complèteme­nt la façon de présenter les spiritueux en succursale pour faire honneur aux mélanges. Elle propose même des pastilles de couleurs permettant de différenci­er les goûts des alcools de dégustatio­n, comme elle le fait déjà pour le vin.

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