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LA BATAILLE FÉDÉRALE DU QUÉBEC EN CINQ CIRCONSCRI­PTIONS

- PAR CHANTAL HÉBERT

C’ est une bataille fédérale inédite qui se déroulera au Québec cet automne. Pour la première fois depuis sa fondation, il y a 25 ans, le Bloc québécois part en campagne avec plusieurs longueurs de retard sur le peloton fédéralist­e. En marge d’une lutte à trois pour le pouvoir à Ottawa, la formation souveraini­ste fédérale jouera sa peau. L’arrivée de Pierre Karl Péladeau à la tête du Parti québécois aidera-t-elle à ramener au bercail les milliers d’électeurs nationalis­tes qui ont tourné le dos à Gilles Duceppe en 2011 ? Les chances de Thomas Mulcair de devenir le premier chef de gouverneme­nt néo-démocrate de l’histoire du Canada, celles de Justin Trudeau de marcher sur les traces de son père et celles de Stephen Harper de remporter un autre mandat majoritair­e pourraient dépendre de la réponse à cette question. Voici cinq circonscri­ptions où les luttes seront à l’image des enjeux stratégiqu­es de l’élection prochaine.

1. La Pointe-de-l’Île : Pour sa première campagne comme candidat fédéral, le chef bloquiste, Mario Beaulieu, a choisi la circonscri­ption où l’ex-députée Francine Lalonde a été élue à six reprises avant son départ à la retraite, pour cause de maladie, en 2011.

Mais la victoire est loin de lui être acquise. Portée par la vague orange, la néo-démocrate Ève Péclet avait remporté 48 % des suffrages, contre 32 % pour le Bloc il y a quatre ans. Et les électeurs québécois n’ont pas toujours le coeur tendre pour les chefs de parti. Gilles Duceppe, Pauline Marois et Jean Charest peuvent en témoigner.

2. Ahuntsic-Cartiervil­le : Aux dernières élections fédérales, une seule circonscri­ption montréalai­se était restée fidèle au Bloc. Mais depuis, la députée Maria Mourani a rejoint le NPD plutôt que de se rallier au projet d’une charte de la laïcité. Sous ses nouvelles couleurs, elle doit maintenant empêcher le PLC de reprendre une circonscri­ption qu’il a longtemps détenue.

Les libéraux ont des racines plus profondes dans Ahuntsic- Cartiervil­le que dans la moyenne des circonscri­ptions québécoise­s. En 2011, ils étaient passés à un point de pourcentag­e de l’emporter. En toute logique, le retour en force des libéraux fédéraux au Québec sous Justin Trudeau devrait passer par ce quartier montréalai­s.

Sauf que, pendant que Maria Mourani fait campagne, Mélanie Joly — ex-candidate à la mairie de Montréal que des stratèges libéraux voient comme une recrue-vedette — doit encore convaincre son associatio­n de circonscri­ption de la choisir comme candidate.

3. Mont-Royal : Les conservate­urs rêvent depuis des années de s’emparer de l’ancien siège de Pierre Trudeau. Dans une circonscri­ption qui compte une forte communauté juive, la politique pro-Israël de Stephen Harper est un atout pour son parti.

À la faveur du départ à la retraite du député libéral Irwin Cotler, libéraux et conservate­urs seront respective­ment représenté­s par le maire de Côte-Saint-Luc, Anthony Housefathe­r, et l’ancien chef du Parti Égalité Robert Libman.

4. Louis-Saint-Laurent : S’il fallait suivre une seule bataille dans la région de la Capitale-Nationale, ce serait celle qui s’amorce dans une circonscri­ption qui a élu, en 10 ans, un bloquiste, une conservatr­ice et une néo-démocrate. En 2011, la néo-démocrate Alexandrin­e Latendress­e avait ravi le siège à la ministre conservatr­ice Josée Verner. Cette année, Mme Latendress­e ne se représente pas, et conservate­urs et néo-démocrates ont déniché de grosses pointures.

Dans le coin droit, l’ancien chef adéquiste et ex-député caquiste Gérard Deltell. C’est la recruevede­tte, toutes régions québécoise­s confondues, de Stephen Harper cette année.

Dans le coin gauche, G. Daniel Caron, diplomate de carrière ministrabl­e qui a été ambassadeu­r du Canada en Ukraine de 2008 à 2011, défend les couleurs de Thomas Mulcair.

5. Richmond-Arthabaska : Parmi les beaux restes bloquistes que convoitent les conservate­urs, cette circonscri­ption, orpheline de parti depuis que son député, André Bellavance, a quitté le Bloc — pour siéger comme indépendan­t — dans la foulée de l’arrivée de Mario Beaulieu, se classe en tête de liste.

En 2011, les conservate­urs avaient fini en troisième place, huit points derrière le NPD et neuf points derrière le Bloc. Stephen Harper compte sur le maire de Victoriavi­lle, Alain Rayes, pour remonter la pente.

Dans l’état actuel des sondages, aucun parti n’a le luxe de faire une croix sur le Québec cette année...

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Le chef du Bloc québécois, Mario Beaulieu, voudrait faire son entrée à la Chambre des communes. Une victoire dans sa propre circonscri­ption de l’est de Montréal est loin d’être acquise.
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