L’actualité

Épuiser l’adversaire

« Plongez l’adversaire dans d’inextricab­les épreuves et prolongez son épuisement en vous tenant à distance. »

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« Il y a des jours où j’ai du fun, et des jours, pas du tout. » Au volant de son petit VUS Mazda, sans adjoint avec lui, Bernard Drainville parle à coeur ouvert en ce dimanche 22 février. « Je déteste perdre », lâche-t-il, le regard fixé sur la route qui nous mène de Laval — où un débat informel a opposé les candidats en matinée — à Chambly, où il doit rencontrer des militants dans un pub.

La campagne est épuisante. Péladeau évite de se mouiller sur plusieurs enjeux. Ça irrite le député de Marie- Victorin, qui se présente toujours bien préparé aux assemblées et débats. « PKP n’a pas besoin de préciser ses pensées, car les appuis sont là, dit-il. Et il a des appuis parce qu’il ne précise pas ses pensées ! Il a le meilleur des deux mondes. Quand tu adoptes des positions, tu risques de créer du mécontente­ment. »

L’attention journalist­ique dont bénéficie PKP exaspère également le clan de Martine Ouellet. « On élabore du contenu, on présente des idées, et tout ce que les journalist­es font, c’est de nous poser des questions sur Pierre Karl ! C’est frustrant », dit celle-ci.

Bernard Drainville voudrait brasser la cage, affronter Péladeau, mais le sort que les militants ont réservé à Lisée hante la course. « J’ai vu le prix qu’a payé Jean-François. Si tu y vas sur le plan personnel, le parti ne va pas en sortir vivant », dit-il.

L’appui de certains collègues à PKP a eu l’effet d’un coup de poignard pour lui. « Quand un député, un ami, vient te voir et te dit qu’il te voyait comme successeur de Pauline parce que tu es bon, mais qu’il va appuyer Pierre Karl parce qu’on a plus de chances de gagner les élections, ça fait mal au coeur en maudit. Qu’est-ce que tu réponds à ça ? »

Drainville a dû revoir son discours sur le référendum pendant l’automne, lui qui avait d’abord promis de ne pas en tenir un dans un premier mandat au gouverneme­nt. Des militants lui ont dit de laisser une porte ouverte.

« Ils veulent garder l’espoir qu’on en tienne un si l’occasion se présente. Je comprends, alors j’ai dit qu’on allait réévaluer la situation à six mois des élections de 2018. Mais il faudra être clair. On fait un référendum ou on n’en fait pas. C’est ça qui nous a coulés la dernière fois », dit-il.

Début mars, Martine Ouellet, elle, déborde d’énergie. Stevens Héroux est passé la chercher à Longueuil, à 5 h 45. Direction Sherbrooke, où la radio de Radio-Canada l’attend pour une entrevue à 7 h 40.

Malgré l’avance de PKP, elle se dit encouragée par son sondage interne. Le nombre d’indécis est en hausse, ce qui pourrait provoquer un deuxième tour de scrutin le 15 mai, dit-elle, ajoutant que le recrutemen­t est faible. Une mauvaise nouvelle pour le parti, mais relativeme­nt bonne dans le contexte de la course : le PQ aura deux fois moins de membres en règle au vote (71 800) que lors de la course qui a couronné André Boisclair, en 2005. « S’il y avait une vague de nouveaux membres en faveur de PKP, elle aurait déjà eu lieu », dit Martine Ouellet.

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Martine Ouellet.
« On présente des idées, et tout ce que les journalist­es font, c’est de nous poser des questions sur Pierre Karl », dit Martine Ouellet.

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