ADRÉNALINE ET HÉMOGLOBINE
C’est l’une des formations les plus populaires au Québec. Voici pourquoi on se bouscule en soins préhospitaliers d’urgence.
Sang sur les mains, oedème aux lèvres, douleur au dos. Victime d’un accident de voiture, Dora-Elsy Blanchette a réussi à sortir de sa voiture quand deux techniciens ambulanciers paramédicaux arrivent. Rassurants, appliqués, ils évaluent l’état de la jeune femme, lui mettent un collet cervical, l’allongent sur une planche dorsale, prennent ses signes vitaux, puis la glissent sur un matelas immobilisateur avant de la transporter en civière jusqu’à l’ambulance.
Cette scène, fictive, se déroule au laboratoire de simulation d’interventions en traumatologie du cégep de Saint-Hyacinthe. Dora-Elsy et une dizaine de ses condisciples de troisième année en soins préhospitaliers d’urgence jouent le rôle que l’enseignant leur a assigné : accidenté ou paramédical. Chaque fois différents, ces « accidents » feront bientôt partie de leur quotidien : chute d’un balcon, blessure causée par une scie à chaîne... Leurs moindres gestes sont scrutés par l’enseignant, qui donne ses commentaires à la fin de l’exercice. « C’est la meilleure façon de constater nos erreurs et de ne pas les répéter, dit Vincent Morand, 18 ans, cadet de la cohorte. Ça m’est arrivé de “tuer” mon patient : c’est sûr que je vais m’en souvenir ! »
Les cours pratiques se déroulent dans des salles comprenant la partie arrière d’une véritable ambulance, une voiture dans laquelle s’entassent des mannequins blessés, ainsi que des décors variés (chambre d’un centre pour personnes âgées, salon d’un bungalow, escalier en colimaçon...). Les étudiants font également des simulations à l’extérieur du cégep (ferme, forêt...). Enfin, ils s’initient à la conduite d’urgence sur la piste de course automobile de Saint-Hyacinthe.
Le programme de soins préhospitaliers d’urgence est l’un des plus populaires au Québec, surtout chez les garçons. Il jouit d’un excellent taux de placement, mais c’est aussi l’un des plus contingentés. Créé en 2006 et offert dans neuf cégeps et deux collèges privés, il reflète l’évolution du métier : les brancardiers d’autrefois sont devenus des techniciens pratiquant certains actes médicaux et administrant des médicaments.
Le DEC ne suffit toutefois plus pour exercer ce métier. Depuis 2011, les diplômés doivent passer l’évaluation du Programme national d’intégration clinique du ministère de la Santé. Cet examen, dont le taux de réussite avoisine les 70 %, permet à ceux qui le réussissent de s’inscrire au Registre national de la main-d’oeuvre des techniciens ambulanciers.