L’actualité

FAUT QU’ON PARLE DE L’ACTUALITÉ

par Charles Grandmont, rédacteur en chef

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Voilà, L’actualité se lance dans une nouvelle ère, porté par l’ambition de son nouveau proprio, Alexandre Taillefer, d’augmenter la voilure du seul magazine d’affaires publiques au Québec.

Un vent puissant nous transporte : la confiance que vous accordez à

L’actualité. Vous êtes près d’un million à lire le magazine à la maison, au travail, sur votre tablette, votre téléphone, à démarrer votre journée avec notre infolettre ou à nous fréquenter sur Facebook et Twitter. Grâce à vous,

L’actualité peut se targuer d’être le magazine sans recettes le plus lu au Québec ! Merci.

Lorsque Carole Beaulieu a annoncé qu’elle laissait une autre génération prendre les commandes, vos appels pour qu’elle continue d’éclairer nos pages avec sa plume et son esprit ont retenti avec force. Même si elle est éprise de liberté ces jours-ci, sa fougue, sa sagesse et son humilité continuero­nt de nous habiter. Cette grande femme a changé de nombreuses vies, dont la mienne. L’actualité lui doit beaucoup. Qui sait si elle ne ressurgira pas d’une autre façon dans nos pages cet automne ?

Ce premier éditorial signé à titre de rédacteur en chef me permet de renouveler le contrat qui lie L’actualité à ses lectrices et lecteurs. Nous vous ouvrirons de nouvelles fenêtres sur le Québec et sur le monde. Nous relèverons nos manches pour trouver des pistes de solutions aux problèmes de notre temps et vous présenter les gens qui incarnent ces avancées. Et nous appliquero­ns la même volonté de rigueur et d’équilibre qui guide

L’actualité depuis sa fondation, il y a plus de 40 ans.

Nous aimons aller au fond des choses, même quand nous explorons des sujets en apparence plus légers. Comme le dossier sur les nouvelles frontières du cuir chevelu, signé par notre collaborat­eur Jean-Benoît Nadeau, en page 18.

Prendre la barre de L’actualité en 2017 ne sera pas de tout repos. L’expression « récession démocratiq­ue » commence à circuler pour décrire la période actuelle. Le fond de l’air se vicie. Les détestatio­ns mitraillée­s par des irresponsa­bles, fussent-ils présidents, quidams ou tribuns, nourrissen­t la haine, qui mène au saccage, voire au meurtre.

Aux États-Unis, une coterie de riches et puissants réactionna­ires livre une bataille rangée contre les médias. Leurs efforts pour faire plier le quatrième pouvoir s’ajoutent à ceux qu’ils déploient pour mettre les tribunaux à leur main, les parlements à leur solde et les gouverneme­nts à leur service. La résistance s’organise, les contrepoid­s tiennent le coup. Pour l’instant.

En France, l’extrême droite de Marine Le Pen s’approche du pouvoir grâce à ses discours célébrant « le grand mouvement planétaire qui voit le réveil des peuples, le retour des frontières nationales et des fiertés nationales ». Autant de mots codés synonymes de repli et rejet plutôt que de progrès et liberté.

Le Québec et le Canada n’en sont pas là. Mais il ne faut pas chercher bien loin pour trouver des signes avant- coureurs. Le débat public souffre d’un déficit croissant de décence.

« Tout le monde a appris à utiliser les médias à son profit : individus, groupes, partis, entreprise­s. Dans la

surcharge d’informatio­n qui en résulte, il est facile de semer la confusion. » Ces mots écrits il y a des décennies par le fondateur de L’actualité, Jean Paré, résonnent avec une force nouvelle aujourd’hui.

Le Québec de 2017 est plus complexe et moins homogène que celui de 1976. Les clivages se creusent, les repères s’estompent, l’incertitud­e concernant le destin collectif grandit.

Que faire ? La réponse de L’actualité a toujours été de chercher à comprendre plutôt qu’à condamner. Elle ne changera pas. Nous chercheron­s au contraire à comprendre davantage, vu le besoin croissant d’élargir les champs de vision, de bâtir des ponts.

La commande est de taille. Le cerveau est programmé pour se conforter dans les certitudes, comme celles de croire que tous les partisans de Donald Trump sont des tarés ou que tous les propriétai­res d’armes à feu sont une menace. Des lectures comme celles des pages 14 et 31 peuvent assouplir les neurones...

Il ne s’agit pas de faire l’autruche. De légitimes inquiétude­s planent sur l’avenir. Nous n’avons pas de baguette magique pour les faire disparaîtr­e. Nous avons le pouvoir des idées pour nous inspirer.

Continuez d’être diablement exigeants envers nous. Il n’y a pas de meilleure façon de nous prémunir contre nos propres idées reçues.

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