Le président du chaos ?
Pendant les primaires républicaines, l’ex-gouverneur Jeb Bush avait qualifié Donald Trump de « candidat du chaos ». Et il avait prédit que le milliardaire deviendrait, s’il remportait les élections, le « président du chaos ». Les premiers pas de Trump à l
En à peine un mois, il a congédié Sally Yates, ministre de la Justice par intérim, qui refusait de défendre son décret interdisant l’entrée des ressortissants de sept pays musulmans. ll a fustigé les « soidisant » juges qui ont bloqué ce décret et promis de les combattre devant la justice. Il a largué son conseiller à la sécurité nationale, Michael Flynn : avant même son entrée en fonction officielle, ce dernier avait discuté avec des diplomates russes de la levée des sanctions américaines contre Moscou.
Il a eu des démêlés avec le président mexicain pour savoir qui allait payer la construction d’un mur entre les deux pays. Il a raccroché la ligne au nez du premier ministre australien, après un différend sur l’accueil aux États-Unis de 1 000 réfugiés coincés en Australie.
Finalement, il a attribué ses déboires aux médias, qu’il a qualifiés d’« ennemis du peuple américain ». Il a même exclu de grands organes de presse, dont CNN et le New York Times, dans un point de presse à la Maison-Blanche.
Son comportement erratique sème l’inquiétude même dans les pays alliés des États-Unis. Le président des Communes de la Grande-Bretagne a été ovationné quand il a indiqué qu’il empêcherait Trump de s’adresser aux parlementaires. Mais beaucoup d’observateurs, dont Jim Warren, de l’Institut Poynter, centre américain de réflexion sur les médias, se disent rassurés par la réaction des contre-pouvoirs, notamment les juges et les médias.
« Les attaques de Trump galvanisent les médias, qui jouent plus que jamais leur rôle crucial de chiens de garde », dit Warren. Beaucoup de journalistes qui couvrent le président sont déjà épuisés par ses déclarations-chocs et l’obligation de contre-vérifier chacune de ses paroles. Mais au lieu de battre en retraite, les médias se sentent fouettés. Le New York
Times, le Washington Post, la radio publique NPR et d’autres groupes médiatiques ont créé des équipes qui traquent les moindres faits et gestes de l’administration Trump.
Ce sont d’ailleurs des fuites dans la presse qui ont entraîné la démission de Michael Flynn, rappelle Trevor Timm, directeur de la Fondation pour la liberté de la presse. « Ça montre à quel point les lanceurs d’alerte sont vitaux pour la démocratie », a-t-il écrit sur le site de l’organisme. Et les fuites risquent de se multiplier. Il a noté une « explosion » d’intérêt pour son outil Secure Drop, qui permet aux lanceurs d’alerte de contacter anonymement les médias.