Dur printemps néerlandais ?
Les Pays-Bas iront aux urnes le 15 mars, et les difficultés d’intégration des immigrants, surtout des musulmans, sont au coeur de la campagne électorale.
Parmi les 3,1 millions d’immigrants vivant dans ce petit pays européen de 17 millions d’habitants, environ la moitié ne sont pas issus de pays occidentaux. Ils viennent surtout de l’Indonésie et du Surinam (anciennes colonies néerlandaises), ainsi que du Maroc et de la Turquie. Le nombre de prestataires de l’aide sociale venant des pays arabes y est quatre fois plus élevé que celui de la population née aux Pays-Bas, ce qui suscite la grogne chez les Néerlandais de souche.
C’est sur cette grogne que compte le leader d’extrême droite Geert Wilders pour prendre le pouvoir. L’élection de son parti, très dur envers l’immigration musulmane — il prône la fermeture des frontières aux musulmans, la fermeture des mosquées, etc. —, pourrait donner une énergie renouvelée à Marine Le Pen en France (aux urnes en mai) et à Frauke Petry, chef du parti de droite antiréfugiés Alternative für Deutschland, à l’occasion des élections fédérales allemandes, en septembre prochain.
Aux Pays-Bas, plus d’une douzaine de partis se disputent le pouvoir. Le gouvernement sortant — une coalition de libéraux et de travaillistes — a mené à bien une série de réformes qui ont relancé avec succès l’économie. Les Néerlandais ont accès à d’excellents services de santé et à des régimes de pension généreux. Mais rien n’y fait : c’est l’immigration qui les préoccupe, indique un sondage Ipsos. La plupart des sondages menés depuis janvier donnent Wilders gagnant, avec 30 % des intentions de vote. S’il veut prendre le pouvoir, il devra toutefois former une coalition avec un ou plusieurs autres partis. Reste à savoir qui voudra s’allier à lui…