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LE CHEMIN S’OUVRE

Au deuxième tour, le Canadien affronte les Sabres, qui viennent d’éliminer la bête noire de Montréal en séries, les Bruins de Boston. Puis, la victoire inattendue des Islanders contre les Penguins de Pittsburgh, champions des deux dernières années, fait t

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STÉPHAN LEBEAU Il y a un facteur chance qui s’est créé. À l’époque, ça faisait un bout que les Bruins avaient le dessus sur nous en séries : ils nous avaient battus lors des trois dernières années.

Le fait que Buffalo les ait battus, je pense que ça nous a donné un coup de pouce. On aurait été capables de battre les Bruins, mais psychologi­quement, on est rentrés dans la deuxième ronde avec une plus grande confiance.

SERGE SAVARD La deuxième série contre Buffalo, on l’a gagnée en quatre matchs, mais tous les matchs ont été gagnés par la marque de 4-3. Ç’a été très serré, quand même. Les joueurs ont tous été très forts. La chose la plus importante, c’est de convaincre tes joueurs qu’ils peuvent gagner.

BENOÎT BRUNET C’était complèteme­nt différent comme attitude après les Nordiques. Il y avait un stress, mais ce n’était rien de comparable. C’est peutêtre ce qui a fait qu’on a gagné tous ces matchs-là en prolongati­on, parce que je n’ai senti personne paniquer. Contre Buffalo, c’était plutôt une confiance qu’on était bien placés pour gagner cette série-là.

ÉRIC DESJARDINS Juste le fait qu’on soit sûrs de nos moyens tout au long de la série, ça mettait de la pression sur nos adversaire­s. Ça nous laissait une marge de manoeuvre. JEAN PAGÉ On les voyait rentrer dans le vestiaire après les matchs. John LeClair, le sourire fendu jusqu’aux oreilles. Comme s’ils ne comprenaie­nt pas vraiment ce qui arrivait, comme si c’était miraculeux. Et ça ne durait pas longtemps, les prolongati­ons. Mais c’était toujours calme, parce que Jacques Demers les gardait « focus ». C’est pas long que ça peut s’énerver, un joueur de hockey.

JONATHAN ROY J’avais quatre ans. Je me souviens d’avoir regardé tous les matchs pis d’avoir compris qu’ils gagnaient en overtime. Je me couchais tard, mais pour regarder papa, j’avais le droit.

BENOÎT BRUNET On était en retraite fermée avant tous les matchs. On partait de chez nous le matin, on allait s’entraîner, on allait tous dormir à l’hôtel, et le lendemain c’était déjeuner d’équipe, entraîneme­nt, puis on retournait à l’hôtel. On jouait le match le soir, et ensuite on retournait à la maison. Quand on jouait tous les deux jours, le rituel recommença­it.

STÉPHAN LEBEAU C’était la coutume, c’était la quatrième année qu’on faisait la retraite fermée. C’est sûr qu’on passait beaucoup de temps ensemble, mais ça nous empêchait d’être distraits par la vie quotidienn­e d’un joueur de hockey à Montréal. Ç’avait du bon, mais en même temps, ça peut être long et difficile de ne pas voir ta famille. Faut que tu t’adaptes.

ÉRIC DESJARDINS Moi, j’aimais ça. On était ensemble pour regarder les autres séries. Il y avait un lounge, on se retrouvait là. Les séries, c’est à la fois court et très long. C’est dur mentalemen­t et physiqueme­nt. Mais les vivre à 100 % avec les gars, ça crée un lien vraiment fort.

BENOÎT BRUNET Aujourd’hui, tu ne vois plus ça, des retraites fermées aussi longues. Mais à l’époque, ça nous avait soudé comme club. Le soir, tu es à l’hôtel à 20 h, il y a des tables de billard, les gars regardent des films ensemble. On était « tissés serré ». L’esprit d’équipe était fort.

STÉPHAN LEBEAU On était tous dans notre chambre respective, au septième étage de l’hôtel à Montréal. Quand les Islanders ont compté le but gagnant contre les Penguins, toutes les portes du couloir se sont ouvertes en même temps. On se faisait des high fives dans le corridor. On ne choisit pas notre adversaire, mais entre les deux, on préférait les Islanders. Et en plus, on commençait la série à domicile.

BENOÎT BRUNET (À L’AVANT-PLAN) ET GUY CARBONNEAU LORS DU DERNIER MATCH CONTRE LES SABRES DE BUFFALO.

BENOÎT BRUNET On savait que si on avait eu à affronter les Penguins et Mario Lemieux, qui venaient de gagner deux Coupes Stanley de suite, ç’aurait été passableme­nt plus difficile. Tout le monde était assez content d’affronter les Islanders !

Nos chances étaient plus élevées contre eux que contre Pittsburgh.

ÉRIC DESJARDINS Tout le monde courait pis on sautait de joie dans les corridors. On l’a pas dit aux journalist­es, mais en sachant qu’on affrontera­it les Islanders, on y croyait encore plus.

STÉPHAN LEBEAU À l’époque, s’il y avait une équipe favorite, c’était les Penguins de Pittsburgh. Avec Mario Lemieux, ils avaient gagné les deux Coupes précédente­s. Ça ne faisait pas des Islanders des adversaire­s faciles. Mais du fait que Pittsburgh perde, pis qu’on commence à domicile la demifinale en ayant l’avantage de la glace, le vent a pris dans la voile.

JEAN PAGÉ La grande chance des Canadiens, c’est que toutes les meilleures équipes tombaient devant eux. Ils se sont retrouvés contre les Sabres, ils les ont battus 40. Une fois les Penguins éliminés, ils affrontaie­nt les Islanders. Le chemin s’ouvrait, et là, on commençait à y croire.

BENOÎT BRUNET Entre les deux séries, il y a eu un long congé. On avait fini en quatre matchs ; les Islanders, eux, sortaient d’une série de sept matchs.

STÉPHAN LEBEAU Non seulement ils étaient épuisés, mais ils avaient perdu leur joueur le plus important, Pierre Turgeon, dans la série précédente contre Washington, quand Dale Hunter l’avait frappé parderrièr­e.

SERGE SAVARD Notre club a été meilleur de match en match. Il était imbattable à la fin. Beaucoup de monde va dire : ah, ils ont été chanceux, ils n’ont pas eu à jouer contre Pittsburgh. Notre club a été le meilleur sur la glace, point. Peutêtre qu’on n’était pas les meilleurs sur papier, mais sur la glace, c’était nous.

STÉPHAN LEBEAU Ç’a bien commencé à la maison, on a pris les devants 2-0 contre les Islanders. J’ai marqué le but en deuxième prolongati­on dans le match no 2. On a pris l’avance 3-0 dans la série, on a échappé le match no 4, puis on les a éliminés en cinq à domicile pour passer en finale.

JEAN PAGÉ Et la finale, ç’a passé proche que ce soit contre Pat Burns pis les Maple Leafs de Toronto.

STÉPHAN LEBEAU Les Kings jouaient contre les Leafs, et notre ancien entraîneur Pat Burns était derrière le banc. C’était Wayne Gretzky contre Doug Gilmour, deux des meilleurs joueurs de la Ligue nationale.

BARRY MELROSE Les Maple Leafs n’avaient pas gagné la Coupe depuis 1967, il semblait que c’était l’année de la finale pour eux. Tout le monde au Canada croyait à une finale TorontoMon­tréal. On tirait de l’arrière 3-2 dans la série, mais on est revenus pour gagner les deux derniers matchs, dont le premier en prolongati­on. On a remporté la finale au Maple Leaf Gardens.

STÉPHAN LEBEAU Gretzky a inscrit trois buts et une passe pour faire gagner son équipe dans le septième match. Comme lors de la série entre les Islanders et les Penguins, si on nous avait demandé quels adversaire­s on préférait entre les Kings et les Leafs, je pense que la majorité aurait choisi les Kings. Et Gretzky semblait destiné à aller en finale.

BARRY MELROSE Gretzky dit que c’est le meilleur match qu’il ait joué. J’ai grandi comme fan des Leafs, j’ai joué pour eux. Alors c’était très particulie­r pour moi. On a battu Toronto et on a rejoint Montréal en finale.

STÉPHAN LEBEAU C’était une excellente équipe : en plus de Gretzky, il y avait Luc Robitaille, Bernie Nicholls, Dave Taylor, beaucoup de profondeur et d’expérience. Les Kings n’avaient pas battu les Leafs par hasard.

JEAN PAGÉ Je crois toujours que c’était les deux meilleures équipes en finale.

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