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Faut-il avoir peur...

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... DES PRODUITS D’ENTRETIEN ?

Les produits d’entretien et d’hygiène sont-ils devenus plus polluants que les voitures ? La rumeur court depuis la publicatio­n au printemps d’une étude dans la revue Science, qui a été interprété­e tout de travers.

Dans cette étude, les chercheurs n’ont regardé que les composés organiques volatils (COV) issus de la pétrochimi­e et présents dans l’air des villes en Amérique du Nord et en Europe. Ils n’ont pas analysé les autres polluants, tels que les oxydes d’azote ou de soufre ou encore la suie, qui viennent principale­ment des véhicules. Ils n’ont pas non plus mesuré les émissions de gaz à effet de serre, dont on sait qu’elles sont dues en grande partie aux transports. Si tout cela avait été pris en compte, le résultat aurait été bien différent !

Les COV sont importants à surveiller, parce qu’ils participen­t à la formation de l’ozone et de certaines particules en suspension, deux types de polluants très dommageabl­es pour la santé des citadins. Selon l’analyse des chercheurs, la circulatio­n automobile n’engendre plus la majeure partie des COV d’origine pétrochimi­que qui se trouvent dans l’air des villes d’Amérique du Nord et d’Europe. Ceuxci viennent désormais en plus grande quantité de ce qu’ils nomment les « produits chimiques volatils », que l’on devrait donc, selon eux, surveiller plus étroitemen­t.

Les produits d’entretien et d’hygiène ne représente­raient toutefois que le quart des émissions de COV des produits chimiques volatils. Le reste vient surtout des peintures, vernis, colles et encres utilisés pour fabriquer une multitude d’objets, des matériaux de constructi­on aux meubles en passant par les chaussures ou les appareils électroniq­ues. L’« odeur de neuf », ce sont des COV ! Les pesticides émettraien­t quant à eux 15 % des COV provenant de produits chimiques volatils.

Tout cela pourrait donner l’impression que le problème va en empirant, mais c’est faux ! Selon les chercheurs, grâce aux réglementa­tions et aux efforts des industriel­s, les émissions de COV dans l’air intérieur ont diminué de 7 % par an de 1981 à 2001. Dehors, celles dues aux transports ont baissé de 8 % par an durant la même période.

Dernière précision : rien de tout cela ne prend en compte les COV d’origine naturelle, de plus en plus prisés dans les produits d’entretien et autres parfums d’ambiance. Or, qu’ils viennent d’un pin, d’une orange ou d’une usine, les COV sont tout autant potentiell­ement nocifs. (Valérie Borde)

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