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Vie numérique

Conversati­ons privées, documents confidenti­els, photos intimes : des milliers de Canadiens traversent chaque jour la frontière canado-américaine sans se douter que leurs informatio­ns personnell­es pourraient être scrutées à la loupe par les douaniers. Voic

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AUCUN MANDAT REQUIS

Les douaniers canadiens et américains qui vous suspectent peuvent exiger de voir vos appareils électroniq­ues pour effectuer une recherche. Dans les deux cas, aucun mandat n’est nécessaire.

La politique de l’Agence des services frontalier­s du Canada (ASFC) stipule toutefois que les examens de téléphones et d’ordinateur­s ne devraient pas être menés de manière systématiq­ue. Le douanier ne peut procéder à une fouille que s’il croit que « les appareils ou supports numériques pourraient contenir des preuves de contravent­ions ».

UN MOT DE PASSE DIFFICILE À GARDER SECRET

Vous n’êtes pas tenu de divulguer votre mot de passe lorsque vous franchisse­z la frontière vers les États-Unis, mais les douaniers américains pourraient alors conserver votre téléphone pendant plusieurs jours, prolonger votre passage à la douane — probableme­nt déjà plus long que souhaité — et même vous refuser l’entrée au pays.

Au Canada, « les tribunaux n’ont pas encore statué sur la question à savoir si un agent des services frontalier­s peut obliger une personne à lui fournir un mot de passe », selon un guide du Commissari­at à la protection de la vie privée du Canada. Les douaniers risquent toutefois de saisir votre appareil et de copier ses données chiffrées pour effectuer une fouille approfondi­e.

VOS DONNÉES DANS LE NUAGE SONT EN SÉCURITÉ

Tant au Canada qu’aux États-Unis, les douaniers ont le droit de consulter les documents, applicatio­ns, photos et messages sauvegardé­s sur les téléphones, mais ils ne peuvent accéder aux données conservées dans des serveurs externes sans mandat.

Les entrevues d’un journalist­e avec ses sources enregistré­es dans son compte de sauvegarde de documents en ligne Dropbox et les dossiers confidenti­els des clients d’un avocat archivés sur le serveur de son cabinet sont donc protégés. Les agents frontalier­s doivent d’ailleurs effectuer les fouilles en mode avion afin de n’inspecter que les données locales.

LES FOUILLES SONT ENCORE RARES

Toutes proportion­s gardées, les requêtes sont plus fréquentes au Canada qu’aux États-Unis. Mais elles sont encore assez rares : l’ASFC a effectué des recherches dans les appareils électroniq­ues de

9 302 personnes entre le 20 novembre 2017 et le 1er juillet 2018, soit 0,017 % des voyageurs, selon les informatio­ns fournies par l’Agence à L’actualité.

Aux États-Unis, 30 200 appareils électroniq­ues ont été fouillés en 2017. Seulement 0,007 % des voyageurs ont été touchés par ces mesures.

LA SOLUTION : EFFACER LES DONNÉES PERSONNELL­ES

Il existe peu de solutions faciles pour passer la douane en toute intimité, et ce, tant au Canada qu’aux États-Unis. Les vacanciers et profession­nels qui transporte­nt des secrets industriel­s devraient sauvegarde­r leurs données en ligne et les effacer de leurs appareils avant de traverser la frontière. Ils pourront les restaurer par la suite.

Le commun des mortels pourra pour sa part se contenter d’une solution moins rébarbativ­e, comme laisser ses photos coquines à la maison...

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