L’actualité

Faut-il avoir peur...

... DE L’EFFET PASSERELLE ?

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La légalisati­on du cannabis va-t-elle accroître la consommati­on de drogues dures ? Le marketing des cigarettes électroniq­ues va-t-il faire augmenter le nombre de fumeurs ? Dans les deux cas, on s’inquiète de l’effet passerelle, qui inciterait les consommate­urs en mal de sensations à rechercher des produits plus dangereux, par goût du risque, dépendance ou attrait pour l’interdit. Mais ce risque d’escalade existe-t-il réellement ?

Dans le cas du cannabis, les études menées depuis 30 ans sont claires : ce n’est pas une drogue d’initiation. Ce qui pousse certains consommate­urs vers des drogues plus dures n’a rien à voir avec les caractéris­tiques du cannabis, mais résulte plutôt d’une combinaiso­n de susceptibi­lités individuel­les, liées à la génétique, et de facteurs environnem­entaux, comme le réseau d’amis, la disponibil­ité des drogues et les occasions d’en consommer.

L’attrait de l’interdit peutil à lui seul faire basculer certains consommate­urs de pot vers l’héroïne ou la cocaïne ? Possible, mais cela reste à prouver. Cet automne, une étude américaine menée auprès de 27 000 adolescent­s a montré que dans les États où le cannabis médicinal a été légalisé, la consommati­on de cocaïne a augmenté de 60 % et celle d’héroïne de 160 %. Cette étude n’a cependant pas établi de corrélatio­n entre ces deux phénomènes, et les chercheurs n’ont pas non plus vu d’augmentati­on de la consommati­on d’autres drogues dures ni de médicament­s opiacés.

Selon la dernière enquête de l’Institut de la statistiqu­e du Québec, 15 % des Québécois de plus de 15 ans avaient consommé du cannabis en 2014, et 1,9 % avaient pris de la cocaïne. Cependant, plus de la moitié des consommate­urs de cannabis en avaient pris moins d’une fois par mois et n’avaient pris aucune autre drogue durant cette période.

Le cas de l’effet passerelle lié au vapotage inquiète bien davantage les spécialist­es en santé publique. Aux États-Unis, la mise en marché des cigarettes électroniq­ues aromatisée­s, stylisées et à haute teneur en nicotine de l’entreprise JUUL a fait augmenter en quelques mois le nombre d’adolescent­s qui vapotaient, alors que ces produits étaient censés aider des fumeurs plus âgés à écraser. Résultat, le nombre de jeunes dépendants de la nicotine grimpe en flèche, et maintenant que la FDA semble vouloir mieux contrôler ces dispositif­s, on craint que ces jeunes ne se tournent vers le tabac. Au Canada, une étude menée auprès de 44 000 élèves du secondaire a trouvé une associatio­n entre le vapotage et le tabagisme ultérieur, même si la vente de cigarettes électroniq­ues contenant de la nicotine est interdite aux mineurs. JUUL a fait son entrée sur le marché canadien cet automne. (Valérie Borde)

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