L’actualité

Enfin au sommet

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Des semaines après s’être hissé au sommet de l’influence au Québec lors de sa victoire, le 1er octobre, François Legault se pince encore pour être certain qu’il ne rêve pas. Tous les matins, en s’assoyant derrière le grand bureau en bois pâle orné de fleurs de lys confection­né pour Maurice Duplessis en 1958 et dont se servent tous les premiers ministres depuis 60 ans, il prend quelques secondes pour savourer l’instant.

« Je me dis encore : wow, je suis premier ministre du Québec ! Je peux appeler des ministres et faire bouger des choses. Je n’en abuse pas, parce que je ne suis pas ici pour le pouvoir personnel, mais pour atteindre mes objectifs », m’atil dit à la minovembre dans son bureau de l’édifice HonoréMerc­ier, sur la colline Parlementa­ire.

Que souhaiteti­l faire de cette influence qu’il convoitait depuis des années ? « Dans quatre ans, je veux que les Québécois soient plus fiers d’être québécois. Je suis le chef d’une nation qui parle français et je veux faire avancer cette nation. »

Son mentor politique, l’ancien premier ministre Lucien Bouchard, à qui il parle encore régulièrem­ent, lui a donné un conseil : bien utiliser la réserve de courage dont bénéficie chaque politicien. « Chaque fois que tu prends une décision difficile, tu piges dedans. À un moment donné, il n’en reste plus. Il faut faire attention à la manière de l’utiliser. Tu dois choisir tes batailles et concentrer tes efforts si tu veux faire de grandes réformes », expliqueti­l.

François Legault se décrit comme un réformateu­r. « Je ne suis pas ici pour gérer la continuité. C’est plate, gérer la continuité ! On a la possibilit­é de changer des choses. On va le faire dans l’ordre, mais ça va bouger », affirmetil en énumérant des dossiers en éducation, en santé, en économie et en environnem­ent, ses quatre priorités.

Pour atteindre ses objectifs, même lorsqu’on est le très puissant premier ministre, on a besoin de l’aide de ses ministres, dit François Legault. Son équipe devra toutefois éviter de s’éparpiller. Quatre ans au pouvoir, ça passe vite. « Quand un ministre m’arrive avec 12 priorités, je lui dis : non, non, tes deux priorités, c’est ça et ça. Si tu as le temps, tu feras le reste après. »

La cohésion et le moral des troupes sont importants, ajoute François Legault. En ce sens, le premier ministre est aussi un motivateur, rôle qu’il dit avoir apprivoisé comme PDG d’Air Transat lorsqu’il rencontrai­t ses employés. « Si tu as 74 députés de motivés, ça frappe plus fort que si tu es 2 ou 3 à y croire. »

Il appelle régulièrem­ent son whip, Éric Lefebvre, pour s’assurer que les députés sont heureux, quitte à adapter certains détails. Récemment, il a eu vent d’un cas où un ministre n’avait pas eu assez d’égard envers un député qui lui posait des questions. « Pour moi, ce n’est pas du “mémérage”. J’ai appelé le ministre et je lui ai dit de ne pas oublier qu’il est aussi au service des députés. » (Alec Castonguay)

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