L’actualité

Une influence qui dure

-

« Est-ce que je fais partie des 100 personnes les plus influentes au Québec ? Mets-en, c’est clair, lance Guy A. Lepage. J’aurais de la misère à me donner un rang, mais j’espère être dans la première moitié. Troisième, par contre, c’est votre statement. »

Vrai. Alors, expliquons-nous.

Aucune émission n’influence autant le Québec que Tout le monde en parle. Plus d’un million de personnes y sont rivées chaque dimanche. Les entrevues suscitent régulièrem­ent des débats intenses sur les réseaux sociaux et font l’objet de comptes rendus dans les médias.

Quand une personnali­té veut mettre une chose au clair, c’est à TLMEP qu’elle le fait. Tout le monde veut y être, même la droite, pourtant censée détester l’émission.

Certaines entrevues peuvent définir durablemen­t un invité dans l’oeil du public. Parlez-en à Mario Dumont, André Boisclair, Stéfanie Trudeau (« matricule 728 ») ou Mélanie Joly. « Je crois que ç’a plus fait de carrières que ça en a défait, estime Guy A. Lepage. Les gens qui débarquent pas préparés à TLMEP, y en a à peu près jamais. C’est pas rare qu’un invité arrive avec son directeur de “coms”, son chef de cabinet et son conseiller, et qu’ils vont se pratiquer dans la loge. Et quand ils ont préparé une bonne réponse, ça sort d’un coup. »

Coproducte­ur, mais surtout monteur de l’émission, l’ex-RBO est le seul maître du contenu. Les plaintes, c’est à lui qu’on les adresse. « Si t’es content, tu m’appelles, si t’es pas content, tu m’appelles aussi. »

Même après 15 ans, l’influence de l’émission n’a pas été entamée, selon lui. « Au contraire, ça s’est renforcé, dit-il. Y a un stamp TLMEP. On a aimé ce disque-là, ce livre-là : les ventes explosent. Après être venu parler de son spectacle, Gregory Charles a vendu 25 000 billets en trois jours. On fait vendre plus de culture que beaucoup d’émissions spécialisé­es. »

Guy A. Lepage est le coeur de cette influence. Et il le sait. « Je suis très conscient de ma valeur. Je sais aussi que je polarise, mais probableme­nt à mon avantage, parce que j’ai gagné beaucoup de prix décernés par le public pendant ma carrière. Les gens connaissen­t mon caractère et mes opinions. »

Sur Twitter, il peut traiter quelqu’un de minable devant 439 000 abonnés. « Minable et crétin, ce sont des mots qui veulent dire exactement ce que je pense. Mais si j’ai été trop vite sur la gâchette, je n’ai aucun problème à m’excuser ou à retirer mes paroles. »

Il met par ailleurs son influence au service des créateurs. Si un auteur a besoin d’aide pour négocier, Guy A. sera là. « Et s’il se fait fourrer, je vais lui dire : tu ne signes pas ça. Tu dis au producteur que tu as parlé à Guy A. Lepage, pis qu’il t’a dit de pas signer ça. Qu’il m’appelle. Si un producteur a de l’argent, c’est parce que les créateurs ont des idées qui font rouler sa business. »

Une certitude : il ne touchera jamais à la politique. « Je ne pourrais jamais défendre une ligne de parti. Ou quelqu’un que je méprise. La mauvaise influence, c’est d’utiliser tes pouvoirs ouvertemen­t ou de façon souterrain­e pour nuire aux autres. Et ça, ça me fait peur. » (Jean-Philippe Cipriani)

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada