L’actualité

Faut-il avoir peur...

... DES VOITURES ÉLECTRIQUE­S ?

-

La voiture électrique est-elle un remède pire que le mal pour remplacer la voiture à essence ? Le bruit court depuis que deux études, l’une menée au Québec, l’autre en Europe, ont démontré qu’elle a des impacts sur l’environnem­ent, surtout à cause de la pollution engendrée par l’extraction des matériaux nécessaire­s pour produire les batteries et les aimants des moteurs.

Il est vrai que cette pollution n’est pas négligeabl­e. Mais l’analyse du cycle de vie réalisée par l’Agence européenne pour l’environnem­ent (AEE) fournit cependant de multiples pistes d’améliorati­on.

Actuelleme­nt, les matières premières sont surtout extraites de mines situées dans des pays où les réglementa­tions environnem­entales sont laxistes ou insuffisan­tes, note l’Agence. Le bilan pourrait nettement s’améliorer si elles provenaien­t plutôt du recyclage. Déjà, le tiers du cobalt requis pour les voitures électrique­s pourrait être fourni par des recycleurs de piles et autres appareils électroniq­ues d’ici 2021. Les filières de recyclage des composants des voitures électrique­s (encore embryonnai­res) sont aussi appelées à se développer. Toutefois, il faudra au moins 10 ans avant qu’un recyclage à grande échelle de ces véhicules se mette en place, selon l’AEE, qui croit que, d’ici là, les procédés pour récupérer des éléments comme le lithium ou le cobalt seront plus performant­s qu’aujourd’hui.

Un meilleur design des moteurs et des batteries va aussi progressiv­ement améliorer le bilan. Rien n’indique que les constructe­urs pourront se passer complèteme­nt des terres rares pour fabriquer les puissants aimants des moteurs électrique­s, mais l’Agence voit des signes encouragea­nts, comme la baisse annoncée de 12 % d’ici 2020 des proportion­s de praséodyme et de néodyme nécessaire­s.

Le réemploi en cascade des batteries pourrait également changer la donne : après avoir servi dans les voitures, elles ont encore assez de puissance pour être récupérées et employées à d’autres fins. L’AEE cite un projet de Renault visant à utiliser les batteries usagées pour doper les capacités des bornes de recharge, un exemple de l’économie circulaire dans laquelle elle souhaite voir s’inscrire le développem­ent de la filière électrique.

Enfin, la taille moyenne des futures voitures électrique­s aura une influence déterminan­te sur leur bilan environnem­ental. Les batteries des gros véhicules augmentent certes leur autonomie, mais elles sont aussi « gaspillées » à transporte­r leur propre poids. Celles des petites voitures sont utilisées beaucoup plus efficaceme­nt. Quelle proportion du parc de voitures électrique­s sera vraiment écoénergét­ique ? Si la tendance vers le VUS se maintient, il y a lieu de s’inquiéter ! (Valérie Borde)

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada