L’actualité

L’entrevue

SONIA ÉTHIER

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À une époque, tout le monde connaissai­t les chefs des centrales syndicales. Ils semblent aujourd’hui des voix parmi d’autres. Pourquoi avez-vous perdu de l’ascendant ?

Il y a un mouvement de la droite qui s’est appliqué à convaincre la population que les centrales syndicales, ce sont des «ƒgras durƒ». Ce discours-là a fait mal. On demeure une société plus syndiquée qu’ailleurs, mais ç’a reculé. Pourtant, certains groupes non syndiqués auraient intérêt à être représenté­s. Il y a aussi une identité à construire. Les Yvon Charbonnea­u, Henri Massé ou Gérald Larose, ça signifie quelque chose pour une génération, mais pas tellement pour les plus jeunes.

Vous avez réagi négativeme­nt au palmarès de l’influence présenté dans notre numéro de janvier, où l’on écrivait que la Fédération autonome de l’enseigneme­nt (FAE) éclipsait médiatique­ment la « plus discrète » Centrale des syndicats du Québec (CSQ).

Ça m’a vraiment fâchée. Ce n’est pas vrai qu’on est une organisati­on discrète. Si on regarde le nombre de nos sorties publiques, on est capable de bien se débrouille­r.

Mais la FAE reste bruyante et attirante. Encore récemment, vous avez perdu 5 000 membres à son profit.

Certaines organisati­ons croient que si on ne parle qu’en notre nom, on va obtenir plus du gouverneme­nt. C’est le contraire. Regroupés, on est plus forts, parce que l’État ne négocie pas à la pièce, mais dans son ensemble. À la centrale, on parle pour l’ensemble du système d’éducation.

Qu’est-ce qui est différent pour vous par rapport à vos prédécesse­urs ?

Il y a des défis qui n’existaient pas dans les triennats précédents, comme retrouver le sens du collectif. Dans les milieux de travail, les gens utilisent de plus en plus des stratégies individuel­les pour s’en sortirƒ: un congé sans salaire, une retraite progressiv­e. Il faut leur dire que ce qui cloche, c’est l’organisati­on du travail. Qu’il faut trouver des solutions collective­s à l’épuisement, à la surcharge ou au harcèlemen­t.

La solution passe-t-elle par une hausse des salaires de vos membres ou par une augmentati­on des ressources ?

Le problème, c’est qu’il n’y a rien d’attirant dans la profession d’enseignant. Avec l’intégratio­n [des enfants en di‰culté] qui a été franchemen­t trop grande dans les classes ordinaires, peu importe le niveau d’expérience du prof, celui-ci va se retrouver avec une classe qui demande beaucoup d’attention, sans soutien ou services profession­nels. Je peux comprendre que 20 % des enseignant­s quittent la profession dans les cinq premières années. Il y a une réflexion à faire en matière de mixité scolaire. (Jean-Philippe Cipriani)

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