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Malades du tourisme

Villes archi-bondées, sites endommagés, leur quartiers vidés de âme… Les effets négatifs du tourisme de masse se font de plus en plus sentir un peu partout sur la planète. Comment éviter que les touristes ? ne tuent le tourisme

- PAR GARY LAWRENCE

Villes archi-bondées, sites endommagés, quartiers vidés de leur âme… Les eets négatifs du tourisme de masse se font de plus en plus sentir un peu partout sur la planète. Comment éviter que les touristes ne tuent le tourisme ?

LORS D’UN SAFARI EN TANZANIE, EN MARS DERNIER,

un guide m’a raconté avoir déjà compté une cinquantai­ne de 4 x 4 près d’un rhinocéros noir, tous les guides s’avertissan­t entre eux lorsqu’une telle scène se produisait. Au Pérou, en 2016, j’ai dû visiter le Machu Picchu en suivant un itinéraire balisé par des cordes pour endiguer le tropplein de visiteurs. Et l’automne dernier, au château de Bran, en Roumanie, j’ai eu beau arriver très tôt le matin, je n’ai pas tardé à me rendre compte de la très grande popularité du château où a vécu Vlad Tepes — celui qui a inspiré la légende de Dracula —, me faisant bousculer dans ses pièces étriquées et ses étroits couloirs en tentant d’éviter de me faire empaler par les perches à égoportrai­t‹! Manifestem­ent, il y avait là trop de monde au même endroit, au même moment, ce qui a gâché du coup ma visite.

Si certains n’ont ni l’envie ni les moyens de freiner ce lucratif déferlemen­t de touristes — le château de Bran reçoit à lui seul près d’un million de visiteurs annuelleme­nt —, ce n’est pas le cas des résidants d’un nombre grandissan­t de villes très fréquentée­s. De premiers mouvements citoyens sont apparus en 2016, mais en 2018, de Lisbonne à Rome et de Majorque à la Thaïlande, la goutte de l’exaspérati­on a fait déborder le vase de la patience, après des années de tourisme de masse incontrôlé.

À Venise, des manifestan­ts déguisés en pirates ont arraisonné des paquebots pour les empêcher d’accoster‹; à Barcelone, des slogans antitouris­tes sont apparus sur des murs, et des cyclistes se sont fait désarçonne­r de leur vélo par des gens en colère. Aux Baléares, des visiteurs ont reçu du crottin de cheval par la tête. «‹Touristes, rentrez chez vous‹!‹» ont scandé à l’unisson les protestata­ires qui ont pris la rue dans plusieurs destinatio­ns.

«‹En fait, le surtourism­e, c’est un mot nouveau pour décrire une vieille réalité‹: la saturation d’un milieu par un trop grand ažux de visiteurs‹», précise Alain Grenier, professeur de tourisme et développem­ent durable à l’UQAM. Ce n’est pas d’hier, rappelle-t-il, que Venise croule sous les touristes. Et dans les années 1830, les gens se plaignaien­t déjà du trop grand nombre de visiteurs aux chutes du Niagara. «‹La saturation des sites n’est pas qu’une simple question de chi¦res, c’est aussi une a¦aire de perception, celle qui renvoie à la quantité de gens que l’on peut tolérer dans un milieu donn鋻, explique-t-il.

LE TOURISME EST UNE INDUSTRIE PÉTRIE DE PARADOXES.

D’un côté, elle représente 7 900 milliards de dollars américains, soit 10 % du PIB mondial, génère 109 millions d’emplois directs et 183 millions d’emplois indirects, selon le Conseil mondial du voyage et du tourisme (WTTC), un regroupeme­nt privé de grands acteurs mondiaux du domaine. L’économie de certains pays en dépend carrément, comme celle de l’île d’Aruba, où 89 % des emplois y sont liés. En Espagne, au deuxième rang des pays les plus visités dans le monde (82 millions de touristes, juste derrière la France), il représente 15 % du PIB.

L’autre côté de la médaille, c’est que le tourisme folklorise et dénature des peuples, entraîne l’émission de gigatonnes de gaz à e¦et de serre (8 % du total mondial, selon une étude de l’Université de Sydney), transforme villes et destinatio­ns (souvent pour le pire) et, on l’aura compris, surcharge de plus en plus de lieux. Avec 1,4 milliard de voyageurs qui ont sillonné la planète en 2018 (une augmentati­on de 135 % en 20 ans) et 2 milliards qui le feront en 2023, ce n’est pas sans créer son lot de conséquenc­es fâcheuses.

Cette forte présence humaine exerce d’abord des pressions sur l’espace public, jusqu’à le rendre parfois invivable. Les 55 000 Vénitiens doivent jouer des coudes avec 28 millions de visiteurs par année. Non seulement ceux-ci engorgent les ruelles et les principaux sites touristiqu­es, mais ils utilisent abondammen­t les ressources de la ville (à commencer par l’eau) et saturent ses infrastruc­tures (égouts, transports en commun…), quand ils ne créent pas des embouteill­ages sur

les ponts parce qu’ils se tirent l’égoportrai­t. Cela entraîne également la demande croissante de certains biens et services, ce qui fait augmenter leur prix. Des locateurs sans scrupules évincent ainsi leurs locataires pour transforme­r leurs logements en appartemen­ts pour touristes, vidant des quartiers de leur âme.

S’ajoutent à cela la détériorat­ion des lieux et diverses nuisances, comme l’incivilité des fêtards qui louent des appartemen­ts au coeur de l’action. À Budapest, 1,5 million de voyageurs débarquent chaque année rien que pour s’oƒrir une fin de semaine de beuverie à bas prix, dans les bars ouverts jusqu’à l’aube, boucan nocturne et odeurs d’urine en prime. Dans une moindre mesure, même le Plateau-Mont-Royal et le Vieux-Québec n’échappent pas à cette réalité au plus fort de l’été.

D’autres assistent, impuissant­s, à la perte de l’identité de leur milieu de vie. À Barcelone, qui accueillai­t 1,7 million de visiteurs en 1990, ils étaient 30 millions en 2017 à envahir les bars et restaurant­s jadis fréquentés par les seuls Barcelonai­s, qui se sentent devenir étrangers dans leur ville à mesure que des commerces de proximité sont remplacés par des boutiques de babioles à touristes.

Le phénomène n’est pas qu’urbain. En Indonésie, les autorités publiques songent à fermer temporaire­ment l’île de Komodo pour protéger ses dragons — de gros lézards —, alors qu’à Angkor Vat, au Cambodge, la surfréquen­tation a presque entraîné une pénurie d’eau. En septembre dernier, sur l’île açorienne de São Miguel, j’ai vu poindre les premiers signes du surtourism­e à la chute de Caldeira VelhaŸ: les autocars s’entassaien­t devant le portail de ce site jadis paisible. «ŸUn vrai cirqueŸ!Ÿ» pestait Rui Campos, proprio d’un bar à vins de Terceira, qui refuse de recevoir ne serait-ce qu’un seul de ces groupes organisés, préférant les visiteurs individuel­s.

LES PREMIÈRES CAUSES DE L’AUGMENTATI­ON DU TOURISME,

observe Paul Arseneault, titulaire de la chaire de tourisme Transat de l’UQAM, ce sont la croissance de la population de l’humanité et l’explosion de la classe moyenne, «Ÿsurtout en AsieŸ: d’ici 2035, elle s’y multiplier­a par sixŸ». Autant de voyageurs inexpérime­ntés qui auront tendance, comme la plupart de ceux qui débutent, à visiter de grands classiques. Selon Le Figaro, 95 % des gens qui voyagent se concentren­t dans 5 % des endroits de la planète.

Il faut dire que ces dernières décennies, l’industrie a connu toute une démocratis­ation, notamment avec la proliférat­ion de transporte­urs aériens à très bas tarifs, en Europe et en Asie. Depuis peu, même des vols long-courriers sont oƒerts pour une bouchée de pain — 209 dollars pour un vol Hamilton-Dublin sur Norwe

gian ou 49 dollars américains pour relier Oakland (Californie) à Hawaï sur Southwest. Au Canada, où le secteur en est à ses débuts, Swoop propose des vols Hamilton-Cancún pour 140 dollars, et d’ici décembre, Enerjet et Jetlines oˆriront des vols à très bas tarifs, possibleme­nt au départ de Saint-Hubert dans ce dernier cas.

À cela s’ajoute Internet, qui permet de planifier un voyage en quelques clics, grâce à des intermédia­ires et des agences virtuelles comme Expedia, Trivago et Booking.com, quand ce ne sont pas les plateforme­s de location comme Airbnb qui permettent de se loger n’importe où sur terre pour une poignée de dollars.

Les séries télévisées cultes et les succès au box-office ont aussi leur rôle à jouer dans les mouvements des masses. Si Le seigneur des anneaux n’a fait que stimuler le tourisme en Nouvelle-Zélande, la série Game of Thrones a saturé Dubrovnik, ville croate de 45 000 habitants qui sert de cadre à King’s Landing, et qui était déjà aux prises avec trop de croisiéris­tesœ: ils étaient 1,1 million en 2013, avant que le maire impose des quotas.

Dans cette ville comme ailleurs, ces touristes de passage dépensent beaucoup moins que ceux qui séjournent sur place, mais ils déferlent comme un raz-de-marée chaque fois qu’un navire accosteœ: à Venise, de 700 000 qu’ils étaient en 1997, ils sont désormais plus de 1,5 million.

Le surtourism­e découle enfin beaucoup des réseaux sociaux. En 2010, à peine 800 personnes par année visitaient le très photogéniq­ue site de Trolltunga, cette plateforme naturelle en surplomb d’un fjord, en Norvègeœ; en 2016, ils étaient 100 fois plus nombreux, largement influencés par Instagram. En fait, les réseaux sociaux amplifient les eˆets de mode en suscitant l’envie et en entraînant le besoin de cocher ceci et cela sur une liste d’endroits à voir. Preuve de leur influence, à Porto, la librairie Lello, qui a inspiré J.K. Rowling dans Harry Potter, reçoit annuelleme­nt un million de visiteurs — qui paient leur entrée cinq euros — et a doublé le nombre de livres vendus… après avoir évité la faillite il y a cinq ans.

MÊME DANS LES PAYS TRÈS FRÉQUENTÉS,

tout le monde n’est pas contre cette a±uence, confirme Sandra Carvao, responsabl­e des études de marché et compétitiv­ité à l’Organisati­on mondiale du tourisme (OMT), une institutio­n des Nations unies. Selon une récente enquête menée par Ipsos et l’OMT dans 15 pays considérés comme «œsurvisitésœ», «œau moins 50 % des gens visés par une telle surfréquen­tation pensent que celle-ci a aussi un eˆet économique positifœ», me dit-elle depuis Madrid.

À Hallstatt, par exemple, mignon village autrichien de 780 âmes, le million de visiteurs annuels qui utilisent les toilettes publiques payantes rapportent 150 000 euros par an, soit plus que les impôts fonciersœ!

Il faut en prendre et en laisser avec le surtourism­e, plaide Paul Arseneault, de la Chaire de tourisme Transat. «œD’abord, il ne vise que certaines destinatio­nsœ; ensuite, il est surmédiati­sé et on peut parfois le pourfendre à des fins politiques.œ» Par exemple, dit-il, la mairesse de Barcelone s’est fait élire en 2015 en promettant qu’elle diminuerai­t l’a±ux de visiteurs. «œOr, ça fait 30 ans que cette ville investit des centaines de millions en promotion et en infrastruc­tures. Au lieu de diaboliser les touristes, il faudrait limiter le nombre de bateaux de croisière et d’avions et adopter plus de règlements pour encadrer Airbnb.œ»

L’Organisati­on mondiale du tourisme a récemment proposé une série de 11 stratégies visant à mieux gérer la présence des visiteurs. Comme créer des expérience­s et des itinéraire­s thématique­s qui profitent aussi aux gens du coin — une visite guidée sur les traces d’un personnage célèbre, par exemple —, et tenir compte du tourisme dans la planificat­ion urbaine. «œLe surtourism­e, c’est vraiment une question de gestion et de planificat­ionœ», dit Sandra Carvao.

Alain Grenier, professeur à l’UQAM, croit aussi que le développem­ent des villes doit tenir compte du tourisme. «œIl faudrait toujours créer des noyaux d’intérêt dans des quartiers périphériq­ues, pour ne pas centralise­r tous les points de services et contribuer à leur engorgemen­t.œ»

Pour mieux répartir les visiteurs sur le territoire, Charles Mony, président de Village Monde, à Québec, encourage pour sa part le tourisme villageois depuis 2017. Pour qu’un lieu d’hébergemen­t figure sur sa plateforme, il faut qu’il ait un eˆet positif sur la collectivi­té où il est situé, en matière sociale et environnem­entale, et sur l’économie locale. «œLe surtourism­e nous fait constater qu’économique­ment, toute la planète est organisée autour des villes, ce qui a pour eˆet de déshabille­r les régionsœ», dit-il.

PETIT À PETIT, LE VENT EST EN TRAIN DE TOURNER.

En mai dernier, Amsterdam a adopté un plan pour endiguer les 20 millions de visiteurs annuels et amenuiser leur incidence, notamment en interdisan­t aux cars et aux bateaux touristiqu­es de s’aventurer jusqu’au coeur de cette ville de canaux. De son côté, Venise a pris une série de mesuresœ: signalisat­ion d’itinéraire­s différents, réglementa­tion visant la réduction du nombre d’appartemen­ts touristiqu­es et installati­on de portiques d’accès qui se ferment en cas

de forte affluence — nous en sommes là. La Sérénissim­e impose aussi depuis mai trois euros de taxe d’entrée aux visiteurs d’un jour. Les sommes récoltées serviront à nettoyer la ville et à la débarrasse­r des 28 tonnes de déchets laissés annuelleme­nt par les voyageurs. Une idée également envisagée à Bali, où on voudrait prélever une taxe de 10 dollars pour financer un programme de préservati­on de la culture et de l’environnem­ent.

L’imposition de quotas gagne aussi en popularité. Barcelone limite désormais à 400 personnes le nombre maximal de visiteurs présents au parc Güell, chef-d’oeuvre de Gaudíˆ; au Pérou, seuls 500 permis par jour sont accordés pour le trek du chemin de l’Incaˆ; dans l’île grecque de Santorin, où 12 000 personnes débarquaie­nt tous les jours, on limite les arrivées à 8 000 depuis 2018.

Enfin, les plateforme­s de location d’appartemen­ts doivent se plier à de nouvelles réglementa­tions dans un nombre croissant de villes. Dans le centre historique de Valence, en Espagne, il est interdit de louer le sien sous peine d’amendes saléesˆ; à Amsterdam, les résidants ne peuvent mettre leur propriété en location que 30 jours par annéeˆ; et en juin 2018, au Japon, 80 % des appartemen­ts à louer aux touristes ont été retirés du marché par l’État.

Il y a quelques années, lors d’un séjour au Botswana, j’ai pour ma part découvert le concept du tourisme «ˆrevenus élevés, faibles impactsˆ»ˆ: pour éviter d’être envahi par trop d’étrangers, ce pays a fait le choix de privilégie­r des safaris de luxe, que seuls les voyageurs fortunés peuvent s’o¢rir. Mais ces méthodes ne plaisent pas à tous. «ˆAugmenter les prix n’est pas une solution démocratiq­ue, et ce n’est d’ailleurs pas toujours une solutionˆ: plus les gens paient cher, plus ils exigent de la qualité, et plus ils font pression pour avoir des passe-droitsˆ», soutient Alain Grenier, de l’UQAM.

Bien qu’ils soient rarissimes à agir de la sorte, des voyagistes s’imposent eux-mêmes des limites pour protéger certaines destinatio­ns. «ˆMême si la demande était là, j’ai refusé d’organiser d’autres départs pour le Groenland cette année, parce que j’estimais que les villages et les sentiers où nous passions avaient atteint les limites acceptable­sˆ», explique Richard Remy, président de l’agence montréalai­se Karavanier­s. L’entreprise a aussi retiré le trek au camp de base de l’Everest, parce qu’il y a désormais trop de monde.

Enfin, des voyagistes rivalisent d’imaginatio­n pour éviter les grands flux. Intrepid Travel, en Australie, di¢use ainsi chaque année sa «ˆnot hot

list » : en Asie, par exemple, on suggère Boukhara (Ouzbékista­n) au lieu d’Angkor Vat, ou le Ladakh (Inde) au lieu du Népal.

Pour Charles Mony, de Village Monde, toutes ces initiative­s sont plus e…caces que de laisser la résolution des problèmes aux États et aux instances municipale­s. « La plupart ne légiférero­nt jamais pour freiner la manne touristiqu­e, c’est trop payant », dit-il. Le virage va plutôt s’opérer grâce à de nouvelles façons de faire, des produits di“érents, une o“re qui sera recherchée par de nouvelles génération­s de voyageurs, croit-il. « Et la prise de conscience viendra surtout des enjeux de la planète en général, pas seulement de ceux que soulève le tourisme lui-même. »

LES MEMBRES DE LA GÉNÉRATION Y

sont en e“et conscients que leurs e“orts au quotidien pour ménager la planète sont vite annulés par l’empreinte carbone que laisse un seul voyage en avion. En Suède, sous l’influence de l’activiste Greta Thunberg, de plus en plus de jeunes disent avoir honte de prendre l’avion et se tournent vers le train. Dans la foulée de ce mouvement, baptisé flygskam, qui est en voie de s’étendre aux Pays-Bas et en Allemagne, le gouverneme­nt suédois a même annoncé qu’il financerai­t des trains de nuit vers de grandes villes européenne­s.

Les voyageurs ont aussi leur rôle à jouer pour protéger la planète tourisme. « Quand ta philosophi­e du voyage est de partir moins souvent, plus longtemps et de voir moins mais de voir mieux, tu contribues à réduire le surtourism­e et ton empreinte », dit Philippe Bergeron, de Voyageurs du monde, un voyagiste spécialisé dans le sur-mesure.

Pour ne pas ruiner les destinatio­ns, un certain nombre de gestes peuvent être faits individuel­lement : se renseigner sur les us et coutumes locaux avant de partir, choisir des guides et des agences responsabl­es, ne pas surconsomm­er l’énergie ou les denrées sur place… Mais on aura beau faire tous ces efforts, ceux-ci risquent d’être annihilés par l’émergence des classes moyennes d’Asie. Elle transforme déjà plusieurs destinatio­ns, observe Marie-Chantal Labelle, de l’agence Les Routes du Monde. « Bien des Chinois voyagent en grands groupes, ne respectent pas les règles et se foutent des explicatio­ns des guides : ils ne sont là que pour leurs selfies ! Des destinatio­ns s’adaptent à cette clientèle lucrative et des hôtels clinquants poussent un peu partout, comme à Bali, où j’étais récemment. »

Paul Arseneault, de l’UQAM, tempère ce commentair­e en rétorquant que « les Chinois seraient en droit de répondre : “Ça vous va bien de nous faire la morale, quand vous, Occidentau­x, avez ruiné des sites entiers partout sur la planète pendant 50 ans !” »

Petit à petit, de gros noms emboîtent eux aussi le pas du tourisme responsabl­e. L’automne dernier, Transat est devenu le premier grand voyagiste internatio­nal à recevoir la certificat­ion Travelife, remise par le Conseil mondial du tourisme durable, qui nécessite le respect de 200 critères, comme la réduction de la consommati­on des ressources locales et de la production de déchets à destinatio­n. « Cette certificat­ion ne nous permet pas de nous asseoir sur nos lauriers : il faut mettre en oeuvre un plan d’action tous les deux ans, ce qui comprend la sensibilis­ation des voyageurs aux principes du tourisme responsabl­e », précise Odette Trottier, qui travaille depuis 11 ans aux dossiers liés à la responsabi­lité sociale du premier voyagiste canadien.

Certains diront qu’après avoir largement contribué au tourisme de masse pendant des décennies, c’est bien la moindre des choses que Transat agisse maintenant de la sorte. Mais d’autres ne manquent pas de saluer le geste. « C’est un bon signal, ça veut dire que ce voyagiste sent que les réflexes des consommate­urs changent », estime Charles Mony.

Philippe Bergeron est aussi optimiste : « Un jour ou l’autre, les touristes finiront par bouder les destinatio­ns devenues infréquent­ables parce que saturées ou dégradées par le tourisme. » Et dès lors, ces destinatio­ns n’auront d’autre choix que de s’adapter aux exigences de nouvelles génération­s de touristes...

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Ci-dessus˜: La place du palais des Doges durant le carnaval de Venise.
Page précédente˜: La plage de la Barcelonet­a, à Barcelone˜; un canal à Venise˜; des touristes attendent le coucher du soleil sur l’île grecque de Santorin˜; le fort Lovrijenac, à Dubrovnik, où a été tournée une scène de bataille de la série Game of Thrones. Ci-dessus˜: La place du palais des Doges durant le carnaval de Venise.
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Croisiéris­tes débarquant sur l’île de Cozumel, au Mexique.

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