L’actualité

Mathieu vous répond

- PAR MATHIEU CHARLEBOIS

J’AI CESSÉ DE BOIRE DE L’ALCOOL, POUR DES RAISONS QUI M’APPARTIENN­ENT. QUE RÉPONDRE À CEUX QUI M’ACHALENT AVEC ÇA ?

J’ai tenté le mois sans alcool, cette année. Pour des raisons qui m’appartienn­ent (comme vous dites), j’ai décidé de le faire de façon non consécutiv­e. J’ai commencé mon mois en février, et si tout va bien, je vais le terminer dans quelques jours.

J’ai donc eu la chance de découvrir à quel point la phrase «Non merci, je ne bois pas» est un miroir

Je m’appelle Mathieu Charlebois et chaque mois, je réponds à vos grands questionne­ments existentie­ls.

dans lequel notre interlocut­eur voit ses propres insécurité­s.

On dit: «Je ne bois pas», et l’autre entend: «Tiens, j’ai noté l’adresse de la Maison Jean Lapointe pour toi.»

On se retrouve alors inévitable­ment dans une conversati­on sur la place de l’alcool dans nos vies modernes. Une place qui, nous assure l’interlocut­eur, n’a rien de problémati­que. Après tout, il ne boit jamais la semaine. Sauf peut-être le jeudi. Et mardi dernier, mais c’était une occasion spéciale.

Comme la sobriété améliore la mémoire, on se souvient de toutes les fois où on a déjà eu cette conversati­on. Cinq fois? Quinze? Assez pour vouloir recommence­r à boire? Pas loin.

La même chose arrive aux végétarien­s. On prétend qu’ils ergotent sans cesse à propos de leur amour du tempeh, alors que ce sont les autres qui leur en parlent. Les végés, eux, ne demandent qu’à manger leur bol de pois chiches au seitan en paix.

Dans un monde idéal, la solution serait que les gens apprennent à gérer leurs anxiétés et ne se sentent pas remis en question par des décisions qui ne les concernent pas. Or, nous ne vivons pas dans un monde idéal, comme le prouve le fait qu’une suite au film Angry Bird va sortir bientôt.

Ne reste qu’une seule option: l’honnêteté un peu brusque.

— Je te sers du vin? — Non merci.

— Bière? — Non plus.

— ... Crème de menthe? — Non merci. Je ne bois plus, et ça ne me tente pas d’en parler.

[Petit malaise]

Un petit malaise de quelques instants, pour éviter une longue discussion ennuyeuse? Je lève mon verre à ça, sitôt que j’ai fini mon mois.

DANS LE MÉTRO, DEVRAIS-JE OFFRIR MA PLACE À UNE FEMME AVEC UNE PETITE BEDAINE, SI JE NE SUIS PAS CERTAIN QU’ELLE EST VRAIMENT ENCEINTE ?

Ce dilemme, que les scientifiq­ues ont baptisé la «Maman de Schrödinge­r», n’existe que tant que vous occupez un siège. Solution: libérez-le sans l’oœrir.

Levez-vous sans rien dire. Puis, fixez votre téléphone ou intéressez­vous intensémen­t au plan du métro comme si on vous avait chargé de dessiner la future ligne rose. Si la Mona Lisa de la maternité veut le siège, elle le prendra. Si quelqu’un d’autre le prend à sa place, il hérite du dilemme dont vous vous êtes libéré. Tant pis pour lui. Vous, vous aurez un peu mal aux jambes en arrivant à destinatio­n, mais vous aurez le coeur léger.

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