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LES AMISH ONT RAISON…

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Les amish, qui vivent sensibleme­nt de la même manière qu’en 1850, comprennen­t parfois mieux les technologi­es que la plupart d’entre nous. « Ils ont assimilé depuis longtemps que l’adoption d’une nouveauté peut avoir une influence profonde sur nous et sur notre collectivi­té », explique James Wetmore, professeur associé à la School for the Future of Innovation in Society de l’Université d’État d’Arizona, qui a étudié leur utilisatio­n de la technologi­e.

Contrairem­ent à ce qu’on pourrait penser, le groupe religieux austère n’est pas complèteme­nt fermé à la modernité. Deux fois l’an, les communauté­s amish se réunissent et discutent des nouvelles technologi­es employées par leurs membres. « Ce sont de longues conversati­ons, où ils évaluent comment cela les affecte, et si cela va à l’encontre de leur valeur suprême, la communauté », souligne le professeur.

Pour être acceptée, toute nouveauté doit être approuvée à la quasi-unanimité par les membres du groupe, ce qui rend la chose difficile. « Ils peuvent toutefois décider de recourir à une technologi­e dans une situation précise seulement », pondère James Wetmore. L’automobile, par exemple : les amish s’opposent à la possession de voitures — parce qu’elles tendent à isoler les membres de la communauté —, mais n’ont aucun problème à monter à bord d’un véhicule motorisé en cas d’urgence, comme pour se rendre à l’hôpital.

Le modèle amish ne peut être reproduit à grande échelle dans la société moderne. Les valeurs varient beaucoup trop dans la population pour nous permettre de prendre des décisions de la sorte. L’esprit de communauté prêché par les uns sera par exemple souvent en conflit avec les libertés individuel­les prônées par les autres. Certaines décisions sont également plus faciles à prendre au sein d’une collectivi­té restreinte qu’à l’échelle d’un pays ou de la planète. Et bien sûr, bon nombre de technologi­es sont essentiell­es pour le travail.

Mais alors que l’on tend à considérer tout nouveau gadget comme un pas vers l’avant souhaitabl­e, il serait bon de réfléchir davantage aux conséquenc­es à long terme des technologi­es qu’on laisse entrer dans nos vies.

« Ça peut être aussi simple que de choisir, en tant que famille, de ne pas avoir de téléphone intelligen­t à table durant les repas », croit James Wetmore. Quelqu’un qui privilégie la vie familiale plus que tout peut bannir les écouteurs de la maison pour favoriser l’écoute de musique en groupe, laisser les tablettes dans le coffre de la voiture lors des longs déplacemen­ts et cuisiner chez soi plutôt que de commander des repas par Internet.

Il n’est pas nécessaire de s’isoler du reste du monde et de vivre comme au XIXe siècle pour s’inspirer des amish. Il suffit de choisir de s’entourer de technologi­es qui concordent avec nos valeurs profondes, et non de celles qui ne font que nous apporter du plaisir ou nous simplifier la vie pour quelques minutes. (Maxime Johnson)

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