Faut-il avoir peur...
... DU VAPOTAGE ?
La cigarette électronique risque-t-elle de devenir une fossoyeuse aussi terrible que la cigarette traditionnelle ? Les inquiétudes ont monté d’un cran depuis que les États-Unis ont découvert des cas de maladies pulmonaires graves liées au vapotage l’été dernier. En date du 20 novembre, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) avaient recensé 2 290 cas, ayant conduit à 47 décès. Santé Canada en a enregistré cinq, qui font toujours l’objet d’une enquête. On est cependant encore très loin du nombre de morts causées par le tabagisme — 500 000 par an aux États-Unis,
45 000 au Canada !
Plus des trois quarts des personnes tombées malades aux États-Unis avaient consommé des liquides renfermant du THC, l’ingrédient actif du cannabis, et 80 % des malades, dont ceux qui n’avaient pas été exposés à cette substance, étaient âgés de moins de 35 ans. Même si l’enquête se poursuit, les CDC recommandent de ne pas consommer des liquides qui contiennent du THC, qui ont été achetés dans la rue ou qui ont été modifiés d’une quelconque façon par rapport aux recettes des fabricants reconnus.
On sait que la plupart des effets nocifs de la cigarette sont dus à des molécules produites par la combustion du tabac, qui sont absentes de la vapeur inhalée ou y sont peu présentes. Pour cette raison, l’Organisation mondiale de la santé et la majorité des experts considèrent que les fumeurs courent bien moins de risques à assouvir leur besoin de nicotine en vapotant plutôt qu’en grillant une cigarette. Dans le monde, le tabac tue huit millions de personnes par an.
Les non-fumeurs, eux, auraient tout intérêt à s’abstenir de commencer à vapoter. Même si, faute de recul, on ignore quels sont les effets à long terme de cette pratique, beaucoup d’études soulèvent des inquiétudes. Fin septembre, une revue de la littérature scientifique publiée dans le British Medical Journal a conclu qu’il était hautement probable que le vapotage ait des effets nocifs sur le système respiratoire. D’autres chercheurs pensent avoir décelé un risque accru de maladies cardiovasculaires, ce qui reste cependant à confirmer. Les études sont compliquées par le fait que l’on connaît encore très mal le cocktail de molécules qu’absorbent les vapoteurs, puisqu’il n’est pas vraiment réglementé ni contrôlé.
Chose certaine, la popularité des liquides contenant de la nicotine, parfois en doses massives, est très inquiétante. Cette substance, qui entraîne une extrême dépendance et qui peut interférer avec le développement normal du cerveau à l’adolescence, rendra la lutte contre le vapotage très difficile dans les décennies à venir, quels qu’en soient les dangers. (Valérie Borde)