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FIERTÉ RETROUVÉE

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François Legault n’hésite pas une seconde lorsqu’on lui demande quelle est la plus grande réussite de son gouverneme­nt en 2019. « La fierté d’être québécois augmente. C’est important. Je veux que les Québécois soient encore plus fiers d’être québécois. »

Aux yeux du premier ministre, cette «fierté retrouvée» représente le socle sur lequel son gouverneme­nt souhaite appuyer ses actions. « On a de grandes ambitions pour le Québec et, pour les réaliser, il faut d’abord être une famille qui travaille ensemble. Pour qu’on soit une famille, il faut quelque chose qui nous rassemble. On doit être soudés par une base commune : notre langue, nos valeurs, ce qu’on est. Ce n’est pas être raciste que de souhaiter protéger cette base commune », affirme-t-il, assis dans l’un des fauteuils de son bureau, au troisième étage de l’édifice HonoréMerc­ier, à quelques pas du parlement.

Si l’année 2018 a été celle du gain historique de la Coalition Avenir Québec, qui a brisé l’alternance au pouvoir qui durait depuis 1976 entre le Parti québécois et le Parti libéral, l’année 2019 a été celle où François Legault et ses ministres ont imprimé leur marque sur la société québécoise avec un nationalis­me décomplexé, à la fois identitair­e, économique et revendicat­eur face au fédéral.

François Legault dirige un gouverneme­nt qui, pour la première fois depuis l’époque où Robert Bourassa tentait de négocier l’accord du lac Meech, à la fin des années 1980, se porte à la défense de la spécificit­é québécoise, mais ne souhaite pas l’indépendan­ce du Québec. C’est l’avènement de la troisième voie politique tant désirée par les Mario Dumont, Jean Allaire et autres depuis 30 ans, qui écarte la souveraine­té péquiste et le fédéralism­e multicultu­rel libéral, au profit de ce que l’humoriste Yvon Deschamps appelait en boutade « un Québec indépendan­t dans un Canada fort ».

Ce changement de ton et de direction rebrasse les cartes politiques, obligeant les autres formations à s’ajuster à celle de François Legault. Marginalis­é sur le flanc nationalis­te, à la recherche d’un nouveau souffle, le PQ remet le cap sur l’indépendan­ce, pendant que le PLQ se demande comment ajouter une touche d’affirmatio­n nationale à son discours afin de renouer avec les francophon­es.

Sur la scène fédérale, les partis en campagne électorale cet automne ont fait des contorsion­s pour plaire à François Legault… ou pour ne pas se le mettre à dos. Le Bloc québécois lui doit en bonne partie sa résurrecti­on, Yves-François Blanchet s’étant collé aux vues nationalis­tes de la CAQ sur la laïcité et l’immigratio­n.

Selon un coup de sonde Léger réalisé au terme de la première année au pouvoir de la CAQ, dont les résultats sont parus le 25 septembre dernier dans Le Journal de Montréal, 64 % des Québécois (74 % des francophon­es) se disent satisfaits du travail de François Legault et de ses troupes.

C’est un taux de satisfacti­on qu’aucun gouverneme­nt n’a approché depuis une quarantain­e d’années, témoignent les archives des sondeurs. En 1989, Robert Bourassa jouissait d’un appui de 57 %. Lucien Bouchard a atteint 55 % en mai 1996. Bernard Landry, 54 % en 2001 — ce qui ne l’a pas empêché de perdre les élections deux ans plus tard. Jean Charest, Pauline Marois et Philippe Couillard n’ont jamais franchi la barre des 50 % après quelques mois au pouvoir. « C’est assez exceptionn­el », confirme Christian Bourque, vice-président de Léger.

Si les jeunes de 18 à 34 ans sont un peu plus tièdes, avec un taux de satisfacti­on de 46 %, les 55 ans et plus vivent une lune de miel avec le gouverneme­nt Legault : trois électeurs sur quatre en sont satisfaits (76 %).

«Les gens me disent: “On est fiers de vous, de votre gouverneme­nt, et on vous aime.” Il y a quelque chose qui s’est passé, raconte le premier ministre. Je ne m’attendais pas à ça. Je trouve ça d’ailleurs trop flatteur, parce que les gens me disent : “Vous êtes le meilleur depuis René Lévesque.” Mais Lévesque, c’est mon idole ! Je ne me considère pas dans la même catégorie que lui. »

François Legault avoue être parfois agacé par les comparaiso­ns entre son gouverneme­nt et

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