L’ÈRE DU TROUPEAU CONNECTÉ
GRÂCE AUX NOUVELLES TECHNOLOGIES ET AUX MÉGADONNÉES QU’ELLES GÉNÈRENT, LES PRODUCTEURS LAITIERS ONT DÉSORMAIS DES COMPÉTENCES DE DEVINS. LEUR BOULE DE CRISTAL ? LEUR TÉLÉPHONE INTELLIGENT OU LEUR ORDINATEUR.
Savoir qu’une vache est en chaleur grâce à un collier qui calcule ses ruminations? Détecter la maladie d’une autre par la température trop élevée de son lait ? Recevoir un texto lorsqu’une vache met bas? C’est maintenant chose possible dans les étables branchées de nombreux producteurs laitiers du Québec. Les mégadonnées engendrées par les différentes technologies leur permettent de mieux soigner les animaux et de maximiser la production. « On peut vraiment détecter les maladies plus vite, entre autres grâce aux infos sur la composition du lait», affirme James Allen, copropriétaire avec son fils Patrick de la Ferme J. Allen, à Saint-Anselme. En fait, c’est un bilan de santé quasi complet de chaque vache qu’offrent les technologies, note Annie Royer, professeure agrégée et directrice du programme de baccalauréat en agroéconomie à l’Université Laval, qui mène actuellement une étude sur le sujet. « Les différents capteurs, podomètres et robots permettent de suivre les vaches une à une. On peut savoir si elles sont agitées, stressées, malades, en gestation, en chaleur… C’est une agriculture de précision et de prévention », explique-t-elle.
SAVOIR, C’EST POUVOIR… FAIRE ENCORE MIEUX
Même s’ils profitent d’une aide précieuse, les producteurs «connectés» s’investissent toujours autant dans le métier. C’est simplement la nature des tâches qui a changé. «Il y a moins de travail physique. On fait plus d’observation et de gérance», dit Patrick, qui avoue avoir constamment son téléphone intelligent à la main pour être au fait des derniers détails.
Le jeune homme de 29 ans apprécie notamment la flexibilité d’horaire que leur apportent leurs deux robots de traite. «Quand on trayait à la main, on devait le faire à 5h le matin puis à 17h. Grâce aux robots (et à la stabulation libre, une organisation de l’espace où les animaux circulent à leur guise), les vaches vont se faire traire quand bon leur semble. Ça me permet d’aller reconduire mes enfants à la garderie avant de commencer ma journée, ce qui aurait été impensable autrefois. » « On peut aussi accepter des invitations à souper, maintenant ! » ajoute son père en riant. Même les vacances ne sont plus un mirage inatteignable.
DES ROBOTS PRÈS DES BESOINS
Loin du caractère artificiel auquel on les associe souvent, l’automatisation et la techno permettent ici aux animaux de manger et de passer à la traite quand ils en sentent le besoin. « Certaines vaches vont se faire traire jusqu’à cinq fois par jour, surtout celles qui viennent de vêler », relate Patrick Allen. Avec cette liberté vient donc une augmentation de la productivité. Malgré ces adjoints robotisés, l’humain ne reste jamais bien loin: il faut quelqu’un pour analyser toutes ces données, même si le logiciel en fait un bon bout. Et pour faire les interventions nécessaires en cas de problème, de maladie… ou de mise bas. Le savoir ancestral, dans certains domaines, c’est irremplaçable.
Cet article vous est présenté par Les Producteurs de lait du Québec.