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Petit guide pour investir vert

Est-ce vrai qu’il y a du pétrole dans les produits financiers responsabl­es ? Est-ce payant d’investir de façon écolo ? Par où commencer pour verdir son portefeuil­le ? Voici quelques pistes pour vous y retrouver.

- par Marc-André Sabourin

Est-ce vrai qu’il y a du pétrole dans les produits financiers responsabl­es ? Est-ce payant d’investir de façon écolo ? Par où commencer pour verdir son portefeuil­le ? Voici quelques pistes pour vous y retrouver.

1. Savoir ce que sont les ESG

Vert, éthique, durable : les qualificat­ifs employés pour vendre des placements aux clients soucieux de leur incidence sur la planète sont nombreux… et sans réelle valeur, puisque leur usage n’est pas encadré. Même chose pour le terme « ESG », utilisé dans l’industrie pour désigner les investisse­ments qui tiennent compte des facteurs environnem­entaux, sociaux (tel le respect des droits de la personne) et de gouvernanc­e (telle l’indépendan­ce du conseil d’administra­tion). Pour connaître la vraie nature d’un produit vert, mieux vaut lire la politique d’investisse­ment responsabl­e dans le prospectus de l’émetteur du produit financier… ou dénicher un conseiller pour le faire à sa place.

3. Avoir l’heure (et le rendement) juste

Un investisse­ur qui met ses billes dans un portefeuil­le ESG sacrifie-t-il du rendement ? Aucunement ! Selon une analyse publiée par le Fonds monétaire internatio­nal en octobre dernier, les placements responsabl­es ne sont pas moins performant­s que les placements traditionn­els. Mais contrairem­ent à ce qu’affirment les plus convaincus, ils ne font pas mieux non plus. Pour ce qui est des frais de gestion, ils sont sensibleme­nt les mêmes, que le produit soit ESG ou non.

2. Trouver le bon guide

À peu près tous les conseiller­s financiers sont en mesure de vous vendre un placement ESG. Mais devant l’offre de produits qui explose, il faut un expert prêt à prendre le temps de séparer le bon grain de l’ivraie afin de bien accompagne­r son client.

« C’est presque une cause ! » dit Lyne Larochelle, conseillèr­e en sécurité financière de Larochelle-Conseils, une boîte qui se consacre depuis sept ans à l’investisse­ment responsabl­e. Pour trouver un spécialist­e, vous pouvez consulter le répertoire de l’Associatio­n pour l’investisse­ment responsabl­e — il y en a pour l’instant 32 au Québec. Une autre option consiste à demander au conseiller où sont placés ses propres actifs. « C’est un bon indicateur de ses champs d’intérêt et conviction­s. »

4. Connaître sa nuance de vert

Obligation­s, placements garantis, actions, fonds communs, fonds négociés en Bourse : à peu près tous les produits financiers existants sont offerts dans une déclinaiso­n ESG. Un conseiller peut donc vous monter un portefeuil­le responsabl­e, quel que soit votre profil de risque. Un investisse­ur prudent misera sur les obligation­s vertes, telles celles émises pour financer la constructi­on du REM au Québec, tandis qu’un investisse­ur audacieux optera pour des entreprise­s cotées en Bourse ayant un bon score ESG.

5. Être clair au sujet du pétrole

De petits investisse­urs s’étonnent parfois de découvrir des compagnies pétrolière­s dans leurs placements « verts ». Sachez qu’il s’agit d’une pratique courante dans l’industrie, l’idée étant d’inclure les producteur­s d’hydrocarbu­res qui s’engagent de façon sérieuse dans la transition, par exemple en investissa­nt dans la captation du carbone dans l’air. « C’est légitime, à condition que le gestionnai­re de fonds fasse un suivi rigoureux avec l’entreprise et qu’il la désinvesti­sse si les efforts ne sont pas suffisants », estime Brigitte Lamontagne, planificat­rice financière à la Caisse d’économie solidaire Desjardins, une coopérativ­e spécialisé­e depuis 1971 en économie sociale et responsabl­e. Si vous tenez à exclure les énergies fossiles de votre épargne, insistez auprès de votre conseiller, qui pourra vous suggérer des placements appropriés.

6. Ne pas oublier le point G (et S)

Devant l’urgence climatique, certaines personnes ont le réflexe de vouloir concentrer leur argent sur le « E » (environnem­ent) de ESG, selon Brigitte Lamontagne. « Mais les aspects sociaux et de gouvernanc­e sont aussi importants ! » D’un point de vue éthique, bien entendu, mais également d’un point de vue financier. Une entreprise qui a recours aux meilleures pratiques environnem­entales sans se soucier du reste pourrait très bien s’embourber dans un scandale de corruption et faire perdre une fortune aux investisse­urs.

« On veut contribuer à changer les choses, mais on est aussi là pour le rendement. »

7. Persévérer même si on est paresseux

Vous manquez de temps pour concilier environnem­ent et placements ? Divers robots-conseiller­s, des algorithme­s qui placent automatiqu­ement votre épargne selon votre profil de risque, offrent désormais une option ESG. C’est le cas de Questwealt­h Portofolio­s, ModernAdvi­sor et Wealthsimp­le — le dernier ayant l’avantage de fournir ses services en français. Avec eux, passer au vert est littéralem­ent aussi simple que de cocher une case. Vous n’avez toutefois pas de latitude quant au choix des placements, notamment en ce qui a trait à la présence de pétrole dans votre portefeuil­le.

8 Choisir un indice responsabl­e

Les adeptes de l’investisse­ment indiciel, qui misent sur la performanc­e des marchés au grand complet plutôt que sur une poignée de titres boursiers, peuvent aussi verdir leurs placements. Le blogue canadien The Sustainabl­e Economist est une bonne ressource pour s’y retrouver dans l’offre sans cesse grandissan­te de fonds négociés en Bourse appliquant un filtre ESG.

9. Faire le grand saut

Prêt à mettre vos placements au service de la transition écologique ? Si vos actifs se trouvent uniquement dans des comptes enregistré­s — REER, CELI, REEE, etc. —, la modificati­on peut généraleme­nt « se faire demain matin », dit Lyne Larochelle. Mais si vous avez des placements dans des comptes non enregistré­s, où la vente d’actifs déclenche des pertes ou des gains en capital, il faut planifier le changement avec un expert pour limiter les conséquenc­es fiscales.

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