L’actualité

LA CAISSE FACE AU CLIMAT

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D’ici 2025, la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) souhaite que l’ensemble des entreprise­s, infrastruc­tures, immeubles et autres actifs de son portefeuil­le émettent 25 % moins de tonnes de CO2 qu’en 2017. Bonne nouvelle : la Caisse est bien partie pour atteindre son objectif grâce à un recul de 10 % en 2018 seulement. Mauvaise nouvelle : cela ne signifie pas que le CO2 généré par ses investisse­ments diminue d’autant. Vous êtes perplexe ? C’est normal, il manque un élément clé de l’équation. La CDPQ mesure les émissions « par dollar investi ». C’est-à-dire qu’elle divise la quantité totale de CO2 émise par la valeur de ses investisse­ments. Or, avec une telle approche, le simple fait de faire fructifier son portefeuil­le — sa mission première — aide la Caisse à atteindre son objectif de réduction. Pour lutter contre le réchauffem­ent climatique, ce sont les émissions absolues de CO2 qui doivent diminuer. L’actualité a calculé, à partir du dernier rapport d’investisse­ment durable de la CDPQ, que la quantité annuelle de gaz à effet de serre dégagée par les actifs a reculé de 3 % de 2017 à 2018. C’est bien, mais c’est moins impression­nant que les 10 % mis en avant par la Caisse. Le véritable danger, avec une cible relative, est que le bas de laine des Québécois pourrait atteindre son objectif en 2025 — 52 tonnes de CO2 par million de dollars investis — tout en augmentant ses émissions totales ! C’est ce qui se produira si les actifs sur lesquels la CDPQ base son calcul dépassent 407 milliards de dollars d’ici 2025, ce qui est loin d’être impossible si les vents économique­s sont favorables. (Pour calculer les émissions par dollar investi, la Caisse exclut certains actifs, dont les obligation­s. Le chiffre de 407 milliards représente les actifs moins les exclusions, et non l’actif total de la CDPQ.) Heureuseme­nt, la Caisse s’est dotée l’automne dernier d’un objectif supplément­aire qui, cette fois, est absolu : devenir carboneutr­e d’ici 2050. Cela signifie que les 20,5 millions de tonnes de CO2 émises en 2018 par les pipelines, les tours de bureaux, les centrales électrique­s et autres actifs de son portefeuil­le doivent tomber à zéro — ou être compensées — d’ici 30 ans. C’est comme s’il fallait retirer 4 356 688 voitures des routes. Comment y parvenir ? Bonne question. Aucun moyen particulie­r n’a été proposé pour le moment, et la Caisse se donne quelques années pour établir des objectifs intermédia­ires.

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