ET LES BANQUES ?
Un acteur est souvent oublié quand il est question du rôle de la finance dans la transition écologique, alors que son pouvoir est pourtant bien plus grand que celui des investisseurs boursiers : le monde bancaire. Un gestionnaire de fonds qui refuse d’acheter des actions d’une entreprise ayant un mauvais bilan environnemental a peu d’influence sur les activités de cette dernière. Mais si une banque rejette une demande de financement pour construire une usine polluante, les effets sont directs. Surtout si aucune autre institution financière n’est prête à prendre le relais. C’est ce qui se produit en ce moment dans l’industrie du charbon. Des projets de mines et de centrales thermiques en Australie, en Indonésie, en Afrique du Sud et en Pologne ont récemment reçu des refus de multiples banques, selon l’agence de presse Bloomberg. Cela force les entreprises à se tourner vers des sources de financement plus coûteuses, voire à annuler leurs plans. Pour guider les banques qui souhaitent considérer les implications environnementales et sociales dans leurs décisions d’affaires, l’ONU a instauré en septembre dernier les Principes pour une banque responsable. Leurs quelque 130 signataires, qui incluent Desjardins et la Banque Nationale, s’engagent à contribuer à l’atteinte des objectifs de l’Accord de Paris. À l’image des Principes pour l’investissement responsable dont ils s’inspirent, les Principes pour une banque responsable sont non contraignants. « C’est vrai qu’on n’a pas tant de redditions de comptes à faire à l’ONU », dit Claude Breton, vice-président de la responsabilité sociale à la Banque Nationale. « Mais nos actionnaires, eux, s’attendent à des résultats. » Une partie de son travail consiste d’ailleurs à répondre aux questions « très pointues » d’investisseurs qui demandent comment la Banque atteindra ses engagements. « Et là, je parle de grands noms comme BlackRock [NDLR : l’un des plus importants gestionnaires de fonds au monde]. » Le défi, pour la Banque Nationale, provient du secteur des énergies fossiles, dont elle est l’une des principales sources de financement au Canada. « On ne va pas sortir de l’industrie, mais on met de la pression sur les entreprises pour qu’elles s’engagent dans la transition. On doit virer tous ensemble pour changer le cours de l’histoire. »