Faut-il avoir peur...
... DES TOILETTES ?
Depuis le début de la pandémie, de nombreuses études ont démontré que le coronavirus peut emprunter le tube digestif et y rester repérable plus longtemps que dans les voies respiratoires. Chez certaines personnes, l’ARN du virus, soit le matériel génétique servant à repérer sa présence, a été détecté dans les selles plus d’un mois après que leur test nasal fut revenu négatif. On ne sait pas, cependant, si cela signifie que le virus est toujours présent dans le tube digestif sous une forme infectieuse, ou s’il ne reste que des fragments d’ARN inoffensifs.
En théorie, une personne apparemment guérie pourrait donc encore répandre le virus dans les toilettes qu’elle fréquente. Mais quels sont les risques pour les autres qui se soulagent au même endroit ?
Dans les toilettes, le virus peut se transmettre de deux manières : soit par des surfaces contaminées, soit par l’air, car le brassage provoqué par la chasse d’eau peut y rejeter de très fines particules contenant potentiellement des traces du virus. On sait depuis quelques années que des bioaérosols émis de cette manière peuvent subsister dans l’air pendant plusieurs dizaines de minutes, mais on n’a pas la preuve qu’ils pourraient causer une infection s’ils venaient à être respirés par quelqu’un.
Toutefois, selon certaines études, quelques très rares personnes auraient été infectées en allant aux toilettes.
Des chercheurs coréens ont récemment conclu qu’une passagère d’un vol entre Milan et Séoul avait très probablement contracté le coronavirus dans les toilettes de l’avion, qui avaient été utilisées peu auparavant par une personne infectée.
Plusieurs analyses sont en cours pour déterminer si le virus pourrait aussi se répandre d’une toilette à une autre via les tuyaux d’évacuation des eaux usées, en remontant par des siphons asséchés. En Chine, des chercheurs ont trouvé des traces du virus dans l’air des toilettes d’un appartement inoccupé situé juste au-dessus d’un autre où deux personnes étaient infectées, et l’hypothèse d’une contamination par les toilettes est considérée comme la plus probable pour deux personnes tombées malades
10 étages plus haut.
Le risque d’attraper la COVID-19 de cette manière est cependant jugé mince. En désinfectant fréquemment toutes les surfaces et en aérant pour favoriser la dispersion des aérosols, on diminue encore le risque. Se laver les mains est évidemment impératif, porter un masque peut également aider, même si on ne sait pas à quel point les masques autres que les N95 protègent vraiment des bioaérosols. Il faut aussi penser à refermer le couvercle avant de tirer la chasse d’eau, pour limiter la dispersion des aérosols. Et faire passer le message aux enfants... (Valérie Borde)