La guerre des tarifs
Malgré le nouvel Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM) ratifié il y a quelques mois, la relation commerciale ne s’annonce pas comme un long fleuve tranquille, particulièrement avec la récession provoquée par la pandémie. « Quand l’économie va mal, les démocrates et les républicains aiment les mesures protectionnistes. Ça ne va pas disparaître », fait savoir Justin Massie, professeur à l’UQAM et codirecteur du Réseau d’analyse stratégique, qui regroupe des chercheurs en géopolitique internationale de 18 universités canadiennes.
Washington a imposé temporairement des tarifs douaniers aux importations d’acier, d’aluminium et de bois d’oeuvre en provenance du Canada au cours des dernières années, et l’a fait à nouveau en août pour l’aluminium. Pourtant, la production des États-Unis n’est pas suffisante pour répondre à la demande de leurs consommateurs. Il s’agit d’une position politique, pour plaire aux bruyants lobbys américains.
Subsiste également l’éternel conflit sur le bois d’oeuvre : depuis 35 ans, les États-Unis affirment que le Canada subventionne ses producteurs, ce qui les a menés à imposer à plusieurs reprises des tarifs sur les importations de bois d’oeuvre canadien. Actuellement, une surtaxe d’environ 20 % sur le bois canadien fait grimper de 6 000 dollars en moyenne le prix d’une maison aux États-Unis. Depuis le nouveau conflit, qui a éclaté en 2017, les entreprises forestières canadiennes estiment avoir versé près de quatre milliards de dollars aux autorités américaines — 700 millions de dollars pour l’industrie québécoise.
Un dollar canadien plus faible que le dollar américain a compensé ces tarifs, en plus d’un boum en construction immobilière aux États-Unis, de sorte que l’industrie canadienne n’a pas souffert. Aucun emploi n’a été perdu. Mais pour combien de temps, maintenant que l’économie tourne au ralenti de part et d’autre de la frontière ?