L’actualité

Mathieu vous répond

Je m’appelle Mathieu Charlebois et chaque mois, je réponds à vos grands questionne­ments existentie­ls.

- PAR MATHIEU CHARLEBOIS

JE ME SENS MAL D’AVOIR UNE FEMME DE MÉNAGE. J’AI L’IMPRESSION D’AVOIR UNE SERVANTE. EST-CE JUSTIFIÉ ?

Le capitalism­e, c’est comme la saucisse : personne n’aime voir comment c’est fait.

L’employé qui prépare votre café au Mc Tim Houtte chaque matin est aussi votre « serviteur » le temps d’une percolatio­n. Simplement, toute la mécanique est cachée. La caisse enregistre­use est placée entre vous et le barista, votre argent va au commerçant, et vous pouvez vous laver les mains du reste du processus.

Payer une personne pour faire son ménage chez soi, c’est autre chose.

Bien sûr, on ne sort pas le fouet en lui criant : « Frotte plus fort, bonniche ! » Et on la rémunère au prix du marché. On devrait donc avoir l’esprit en paix. Et pourtant… il y a toujours ce petit malaise.

Après tout, on donne aussi le « prix du marché » aux enfants dans les usines à t-shirts du Bangladesh. Ou, pour être un peu moins extrême, aux travailleu­rs essentiels qui touchent le salaire minimum en pleine pandémie. Comme quoi le marché est un point de repère comportant des limites.

Plusieurs disent que ce que l’aide ménagère offre, c’est du temps bien plus que de la propreté. Or, sur le plan financier, vous ne calculez pas combien ce temps vaut pour vous, mais plutôt combien vous considérez qu’il vaut pour la personne que vous payez. Si l’écart entre les deux est vraiment important, il se peut que votre malaise vienne de là.

Ou peut-être est-il lié aux conditions de travail. Si la femme de ménage tombe malade la semaine prochaine, la paierez-vous quand même ou vous contentere­z-vous de lui souhaiter un prompt rétablisse­ment sans vous inquiéter de son épicerie ? Bref, vous comportezv­ous en Jeff Bezos dans votre maison ?

Vous avez fait entrer chez vous une version miniature du système capitalist­e, avec tous les défauts qui l’accompagne­nt. Vous avez la chance d’en rectifier quelques-uns. Si vous les balayez sous le tapis, c’est la femme de ménage qui devra les ramasser.

Tout est en règle et vos standards moraux sont aussi respectés que ceux du marché ? Dans un tel cas, si vous époussetez encore les meubles avant qu’elle arrive parce que vous vous sentez mal, vous faites du zèle. Détendez-vous.

JE DÉTESTE LES LÉGUMES. COMMENT INCITER MES ENFANTS À EN MANGER SANS AVOIR À LE FAIRE MOI-MÊME ?

Vous n’aimez aucun légume, de la laitue iceberg à l’avocat, en passant par le manioc et la patate douce violette d’Okinawa ? Ça fait beaucoup de choses à détester. Soit vous êtes la preuve qu’il est impossible d’apprendre à aimer un aliment et votre démarche ne sert à rien, soit ce ne sont pas vos enfants qui ont besoin d’apprendre quelque chose, mais vous.

Transforme­z ce qui devait être un plan machiavéli­que pour manipuler vos enfants en un projet familial où les parents aussi devront goûter. Entre la fleur d’ail, le radis noir et le salsifis, vous trouverez probableme­nt quelque chose qui ne vous dégoûtera pas.

Si rien ne passe le test, il y a peut-être un problème dans votre rapport à la nourriture. Ce serait à explorer avec un profession­nel. Parce que... vraiment ? Même la patate douce ? C’est comme un dessert ! L’actualité se réserve le droit d’éditer et d’abréger les questions reçues.

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