Sécuritaires, les vaccins ?
La principale raison pour laquelle des personnes hésitent à se faire vacciner est la peur d’avoir un effet nocif, à court ou à long terme. Les craintes sont encore plus grandes avec les vaccins contre la COVID-19, élaborés en un temps record. C’est le moment de répondre franchement aux questions à ce sujet, sans balayer les risques sous le tapis.
La principale raison pour laquelle des personnes hésitent à se faire vacciner est la peur d’avoir un effet nocif, à court ou à long terme. Les craintes sont encore plus grandes avec les vaccins contre la COVID-19, élaborés en un temps record. C’est le moment de répondre franchement aux questions à ce sujet, sans balayer les risques sous le tapis.
LES VACCINS CONTRE LA COVID ONT-ILS ÉTÉ CONÇUS TROP VITE ?
Des vaccins élaborés en moins de 1 an sont-ils aussi sécuritaires que ceux qu’on met 10 ans à mettre au point ? Oui. Comme l’explique Mark Toshner, spécialiste des essais cliniques de l’Université de Cambridge (qui n’a participé à aucun des essais en cours), « ces 10 années ne servent pas à s’assurer que le vaccin est sans danger ; ce sont des années passées à lutter contre l’indifférence, les impératifs commerciaux et la bureaucratie ».
Les essais des vaccins contre le SRAS-CoV-2, financés à coups de milliards, n’ont pas été bâclés. Les entreprises pharmaceutiques ont, comme d’habitude, fait des pauses lorsque des cobayes ont eu des maladies graves après avoir été inoculés, le temps de vérifier si le vaccin pouvait être en cause. Fait exceptionnel, elles ont publié les protocoles de leurs essais, ce qui a permis à la communauté scientifique de les critiquer avant même que les autorités en analysent les résultats. C’est sous la pression de chercheurs indépendants, par exemple, que la Food and Drug Administration (FDA) américaine a exigé que les entreprises soumettent leur demande d’approbation après avoir surveillé leurs cobayes pendant au moins deux mois, et non dès qu’elles auraient eu assez de personnes vaccinées dans les essais, comme elles le prévoyaient au départ. Les agences de réglementation comme Santé Canada se sont aussi entendues avec les laboratoires pour recevoir certaines données des essais au fur et à mesure plutôt qu’à la toute fin, pour en accélérer l’analyse. Cette manière de procéder, approuvée en septembre en vertu d’un arrêté d’urgence, a permis d’accélérer le processus d’autorisation sans pour autant diminuer les exigences réglementaires sur la sécurité des vaccins.
Quand un nouveau vaccin est autorisé, les données sur son efficacité et sa sécurité sont toujours partielles, puisqu’elles ont été obtenues à la suite d’essais effectués sur seulement quelques dizaines de milliers de personnes. Les essais des vaccins contre le SRAS-CoV-2 ont permis d’évaluer les risques d’effets secondaires qui se manifesteraient chez plus d’une personne sur quelques dizaines de milliers pendant les deux mois suivant l’injection. Hormis des effets ponctuels et bénins comme des maux de tête ou de la fatigue, on n’a rien trouvé.
La surveillance postcommercialisation, soit la phase 4 des essais cliniques, se met en branle tout de suite après l’autorisation. Elle se poursuit en continu à mesure que des gens sont vaccinés, ce qui permet de repérer des effets rares ou à long terme, s’il y en a.
À de rarissimes exceptions près, tous les vaccins qui ont été autorisés dans le monde depuis des décennies se sont avérés très peu risqués. On estime que, chaque année, la vaccination prévient de deux à trois millions de décès sur la planète.
CE SONT LES TOUT PREMIERS VACCINS À ARN ! ALLONS-NOUS SERVIR DE COBAYES ?
Les vaccins de Moderna et de Pfizer sont les premiers qui utilisent des brins d’ARN pour stimuler la réponse immunitaire. Mais des dizaines d’autres vaccins de ce type, contre différentes maladies infectieuses et des cancers, sont à l’étude. Les premiers essais sur des animaux datent de 30 ans, et ceux menés sur des humains remontent à 15 ans. On a quand même déjà un bon recul ! Ces vaccins ne risquent aucunement de donner la maladie, puisqu’ils ne contiennent pas la moindre particule du virus : l’ARN qu’ils renferment est fabriqué en laboratoire et non extrait du SRAS-CoV-2. Faciles à produire et probablement encore plus sûrs que leurs ancêtres, ces vaccins faits de matériel génétique synthétique sont considérés comme très prometteurs.
Il est strictement impossible que l’ARN du vaccin change nos gènes, comme certains l’affirment sur les réseaux sociaux. D’une part, il ne pénètre pas dans les noyaux des cellules, où se trouve l’essentiel de notre ADN ; d’autre part, il est presque instantanément détruit par nos cellules.
COMMENT PUIS-JE DÉTERMINER CE QUE JE RISQUE ?
Les maladies infectieuses sont bien plus rares qu’auparavant, au point que bien des gens se préoccupent davantage des risques des vaccins que de ceux des maladies qu’ils permettent d’éviter. Pas mal de monde a oublié, par exemple, que parmi les enfants qui attrapent la rougeole, une maladie ultra-contagieuse, 1 sur 1 000 fait une encéphalite, fatale dans 10 % des cas. Le vaccin combiné contre la rougeole, la rubéole et les oreillons peut aussi causer une encéphalite, mais seulement chez un enfant sur plus d’un million qui ont été vaccinés. C’est 1 000 fois moins !
De tels effets graves des vaccins sont extrêmement rares, et la plupart des gens s’en remettent. De 2013 à 2017, aucun décès n’a été causé par un vaccin au Canada, sur 103 millions de doses administrées, selon les registres d’effets secondaires publiés par l’Agence de la santé publique du Canada. Durant la même période, 23 000 Canadiens sont morts de maladies infectieuses et plus de 10 000 d’accidents de la route.
« En outre, on évalue toujours les risques d’un vaccin au regard du fardeau de la maladie », explique la pédiatreinfectiologue Caroline Quach-Thanh, directrice du Comité consultatif national de l’immunisation, qui indique au gouvernement fédéral qui devrait être vacciné et avec quelles précautions. Autrement dit, les risques du vaccin doivent être comparés aux risques de la maladie contre laquelle il nous protège.
On a une assez bonne idée du fardeau de la COVID. D’abord, on sait que le SRAS-CoV-2 est très contagieux : si on revenait à une vie normale sans vaccin ni mesures sanitaires contre le virus, chaque personne infectée en contaminerait deux ou trois autres. Nos hôpitaux seraient vite débordés! Même si le risque de mourir à cause de la COVID a diminué depuis le début de la pandémie, il reste important. Par exemple, parmi les gens qui ont souffert de la maladie au Québec depuis juillet, 1 personne sur 100 âgée de 60 à 70 ans en est décédée, et 1 sur 5 parmi les plus de 80 ans. Le virus est bien moins mortel chez les plus jeunes, mais il peut être embêtant : parmi les personnes qui ont été atteintes d’une forme légère de la maladie, 1 sur 10 présente toujours des symptômes (maux de tête ou essoufflement, par exemple) après un mois. Des jeunes en bonne santé sont aussi morts de la COVID, sans qu’on sache pourquoi, comme Don Béni Kabangu Nsapu, de Repentigny, âgé de 19 ans, qui n’avait aucun facteur de risque.
Autre point majeur à considérer : on ignore quelles seront les séquelles à long terme de ce virus qui, outre des problèmes respiratoires, entraîne souvent des troubles neurologiques ou cardiaques. L’infection ne laissera peutêtre pas de séquelles, mais il n’est pas exclu que l’on constate plus tard qu’elle augmente le risque d’infarctus ou de maladies neurodégénératives. Tant qu’on est dans le doute, autant l’éviter...