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QUAND C’EST GRATUIT, C’EST TROP CHER

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Les dangers de la gratuité sur Internet sont bien connus. L’entreprise qui offre un service sans frais doit forcément trouver son profit ailleurs. Facebook est gratuit parce que les informatio­ns personnell­es qui y sont publiées valent leur pesant d’or pour les annonceurs. Comme le dit l’adage, « si c’est gratuit, vous êtes le produit ».

La formule, aussi efficace soit-elle, est toutefois incomplète. La gratuité sur Internet est en effet également une façon de gagner des utilisateu­rs et de monnayer à gros prix les services auxquels ils recourent au moment où ils peuvent difficilem­ent partir.

À partir du 1er juin prochain, par exemple, il ne sera plus possible de sauvegarde­r gratuiteme­nt des images sur Google Photos au-delà de 15 gigaoctets (Go), c’est-à-dire environ 5 000 photos haute définition. Celles qui s’y trouvent déjà pourront y rester, mais il faudra payer pour en ajouter de nouvelles. Pour le milliard d’utilisateu­rs de Google Photos dans le monde, dont certains ont accumulé des dizaines de milliers de clichés, changer de service serait difficile : tout envoyer vers un nouveau site payant (aucun site n’est gratuit pour une aussi grande quantité) coûte cher, et faire le tri pour n’en transférer qu’une partie représente une tâche colossale. Certains pourraient maintenir leurs anciennes photos chez Google et adopter une autre méthode de stockage pour les nouvelles, mais cette solution à deux applicatio­ns n’est pas idéale.

Autre exemple : quand Google a lancé Gmail, en 2004, le slogan du service de courriels était « Search, don’t sort » (recherchez, ne faites pas de ménage), une invitation à accumuler le plus de données possible. Une quinzaine d’années plus tard, des utilisateu­rs qui ont sauvegardé des centaines de milliers de courriels doivent maintenant payer tous les mois pour continuer d’utiliser leur adresse, car ils ont dépassé la limite de stockage, qui paraissait naguère impossible à atteindre.

Le problème dans les deux exemples n’est pas qu’un service soit payant, mais plutôt qu’il le devienne au moment où l’utilisateu­r est accroché et où il n’est pas tentant pour lui de magasiner parmi toutes les options sur le marché — même s’il est susceptibl­e d’en trouver une qui lui conviendra­it mieux. Le mirage de la gratuité (maintenu pendant des années grâce aux poches sans fond des géants technos) lui a fait choisir une solution qui n’était peut-être pas la meilleure pour ses besoins, mais avec laquelle il est pris désormais.

La question est maintenant de savoir quels sont les prochains services qui pourraient devenir payants. Les assistants personnels, comme Alexa d’Amazon, font probableme­nt partie du lot. Après tout, ceux-ci coûtent cher à leurs créateurs, ils ne rapportent pratiqueme­nt rien, et il sera de plus en plus difficile de s’en passer (pour les enfants qui grandissen­t avec eux ou pour les propriétai­res de maisons intelligen­tes, par exemple).

La solution : toujours prévoir une porte de sortie avant d’adopter un écosystème gratuit, comme acheter des enceintes compatible­s avec plusieurs assistants et des services dont les options payantes respectent son budget. Car généraleme­nt, quand c’est gratuit, c’est trop cher. (Maxime Johnson)

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