Ne plus jamais manquer de papier de toilette
La folle ruée des Canadiens vers les épiceries au début de la pandémie a pris de court les commerçants, mais surtout, elle s’est faite au détriment des plus vulnérables : ceux qui n’avaient pas les moyens d’emmagasiner des montagnes de sacs de farine et de bouteilles de gel désinfectant, par exemple, ou la mobilité nécessaire pour sortir de chez eux.
Afin d’éviter que les plus démunis ne manquent à nouveau de biens essentiels lors d’une prochaine vague d’achats effectués en panique, une équipe de scientifiques de HEC Montréal et de l’Université McGill vient de mettre au point un outil basé sur l’intelligence artificielle, en collaboration avec l’entreprise québécoise IVADO Labs et une chaîne de supermarchés canadienne (dont le nom est confidentiel). Ce système de détection d’anomalies permet de savoir rapidement, grâce aux données générées par les ventes et au repérage des mots les plus populaires sur Google, Twitter ou autres, si un article est tout à coup très convoité. Dès lors, le commerçant peut commander le produit en quantité, ou limiter les achats par client.
« Les épiciers ont adopté des politiques de rationnement, mais souvent trop tard, et leurs décisions se basaient sur l’intuition plutôt que sur la science », explique Maxime Cohen, chercheur à l’Université McGill. « Notre technologie permet d’établir quel produit mérite d’être restreint, pendant combien de jours, et quel doit être le maximum d’articles par client. » Une meilleure gestion des stocks en période trouble assure une distribution plus juste des biens, dit-il, et c’est aussi un gros avantage pour les entreprises, puisque des rayons vides dissuadent les consommateurs de revenir. (Marie-Hélène Proulx)