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Les fabricants ont l’obligation légale d’analyser l’ensemble des déclaratio­ns d’effets indésirabl­es produites dans le monde pour leurs vaccins, et d’en présenter un bilan annuel à Santé Canada.

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Toutes ces déclaratio­ns sont intégrées au Système canadien de surveillan­ce des effets secondaire­s suivant l’immunisati­on. Depuis 1991, ce système est aussi alimenté par IMPACT, un programme dit «de surveillan­ce active» mené par les 12 plus grands hôpitaux pédiatriqu­es du Canada. « À Sainte-Justine, par exemple, une infirmière est employée à temps plein pour scruter le dossier médical de chaque enfant hospitalis­é afin de voir quels vaccins il a reçus et à quel moment. Elle signale tous les cas où une maladie s’est déclenchée après un vaccin, dans un intervalle de temps qui dépend de ce qu’on sait des effets possibles de chacun », explique le pédiatre-infectiolo­gue Marc Lebel, qui supervise le programme IMPACT pour cet établissem­ent depuis 27 ans.

Tous les six mois (mais toutes les semaines pour la COVID), l’Agence de la santé publique du Canada publie un bilan des « effets secondaire­s suivant l’immunisati­on », les ESSI dans le jargon, en distinguan­t les cas graves, définis comme n’importe quel effet «qui entraîne la mort, met la vie en danger, exige l’hospitalis­ation du patient ou la prolongati­on de son hospitalis­ation, entraîne une invalidité ou une incapacité persistant­e ou marquée, ou entraîne une invalidité ou malformati­on congénital­e ». En 2017, par exemple, l’Agence a répertorié 2 960 ESSI (dont 253 graves) sur 23 millions de doses de vaccin administré­es. Tous ces effets sont apparus après une injection, mais cela ne veut pas dire qu’ils soient dus au vaccin.

Au Québec, le Programme de surveillan­ce passive des effets secondaire­s possibleme­nt reliés à l’immunisati­on (ESPRI), géré par le ministère de la Santé et des Services sociaux, analyse aussi ces déclaratio­ns.

Tous les ESSI déclarés dans le monde sont signalés en temps réel au Centre de surveillan­ce d’Uppsala, le grand centre de pharmacovi­gilance de l’OMS, situé en Suède. Le Comité consultati­f mondial de la sécurité vaccinale de l’OMS, qui réunit 14 experts indépendan­ts, analyse tous les rapports au regard de la littératur­e scientifiq­ue et peut commander des études pour approfondi­r certains points. « On tient à jour une liste des problèmes qui peuvent survenir et on vérifie si tel ou tel vaccin en fait augmenter l’incidence », explique Ève Dubé, anthropolo­gue de l’Université Laval. Spécialist­e de la vaccinatio­n et seule Canadienne à siéger au comité, elle s’assure que les analyses qu’il produit ne pourront pas être mal interprété­es.

La Collaborat­ion Brighton, un organisme internatio­nal indépendan­t de l’OMS et des fabricants, édicte en outre des règles qui définissen­t exactement comment chaque effet indésirabl­e devrait être signalé et surveillé, partout sur la planète. Rien n’est laissé au hasard !

Les fabricants ont aussi l’obligation légale d’analyser l’ensemble des déclaratio­ns d’effets indésirabl­es produites dans le monde pour leurs vaccins, et d’en présenter un bilan annuel à Santé Canada. Ils doivent mener des essais cliniques de phase 4, postcommer­cialisatio­n, pour vérifier l’efficacité et la sécurité de leurs produits auprès de dizaines de milliers de personnes. À partir de ces données, les autorités peuvent décider d’interdire un vaccin ou simplement exiger que l’informatio­n soit mise à jour dans la monographi­e, la « notice » détaillée fournie aux profession­nels de la santé.

Les comités d’immunisati­on du Canada et du Québec se servent également de ces informatio­ns de vaccinovig­ilance pour recommande­r à toute la population ou à certaines personnes d’utiliser un vaccin plutôt qu’un autre, selon leur profil d’efficacité et de sécurité.

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