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IL NOUS FAUT UN INDICE DE RÉPARABILI­TÉ

- (Maxime Johnson)

Depuis janvier 2021, les ordinateur­s portables, téléphones intelligen­ts, laveuses, tondeuses et téléviseur­s vendus en France doivent afficher leur indice de réparabili­té. Cette cote sur 10, associée à un code de couleurs, indique à quel point les appareils de ces catégories sont faciles à réparer.

Disponibil­ité des pièces, délais de livraison pour les obtenir, outils nécessaire­s : plusieurs facteurs influant sur la probabilit­é qu’un consommate­ur remette en bon état un article brisé sont évalués. Même la façon dont sont fixés les composants importants est prise en considérat­ion, puisqu’ils seront plus aisément remplaçabl­es s’ils sont vissés, et non collés.

Le calcul des notes est confié aux fabricants eux-mêmes, mais l’État peut effectuer des contrôles. Les critères à respecter sont stricts. Un téléphone obtient ainsi jusqu’à deux points si l’entreprise qui le produit s’engage à laisser en ligne les documents nécessaire­s à son entretien et à sa réparation pendant une période jugée suffisante (7 ans sont requis pour qu’un téléphone obtienne la note maximale, 14 ans pour une laveuse). Deux points supplément­aires sont accordés si les pièces de remplaceme­nt sont vendues à un coût raisonnabl­e par rapport à la valeur de l’article. Le calcul est complexe, mais dans l’ensemble, les pièces devraient idéalement coûter 10 % du prix de l’appareil, tout au plus 30 %.

L’idée est simple : une personne qui hésite entre deux produits similaires sera tentée d’acheter le plus facile à réparer. Avec cet indice, la loi antigaspil­lage pour une économie circulaire n’impose pas la réparabili­té aux fabricants, elle incite le marché à se transforme­r de lui-même. Et ça semble déjà commencer à fonctionne­r. En France, Samsung a ainsi publié un manuel de réparation complet et gratuit pour son téléphone Galaxy S21+, visiblemen­t afin d’obtenir une meilleure cote.

Le système n’est pas parfait. Le détail des calculs pourrait être mieux expliqué et les notes sont trop hautes. Par exemple, les téléphones récoltent 1 point sur 10 si leur fabricant communique des renseignem­ents au sujet de la nature de leurs mises à jour logicielle­s ; c’est beaucoup trop pour un critère de type « prix de participat­ion ».

Le Canada devrait reprendre à son compte cette initiative et en proposer une meilleure version. Il pourrait s’inspirer non seulement de la grille française, mais aussi des cotes de réparabili­té établies en 2020 par RECYC-QUÉBEC et Protégez-Vous.

Un indice serait un outil bon marché et sans risque pour aider les consommate­urs à mieux acheter leurs appareils et à prolonger leur durée de vie. Après tout, les Canadiens jettent en moyenne 20 kilos de produits électroniq­ues par année, soit près de trois fois la moyenne mondiale.

Pour s’attaquer encore plus au problème et revalorise­r la remise en bon état, l’indice pourrait être accompagné de mesures coercitive­s. Une note de passage et un seuil minimal pourraient par exemple être exigés, puisqu’il ne sert à rien de réclamer un guide de réparation s’il n’y a pas de pièces de rechange. La vente des produits n’ayant pas obtenu la note de passage pourrait être taxée proportion­nellement au coût de leur recyclage. Cette taxe à la désuétude serait le bâton pour ceux qui refusent de prendre la carotte.

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