Pas de Web, pas de démocratie ?
Bloquer ou ralentir l’accès à Internet est une tactique de plus en plus populaire sur le continent africain quand un gouvernement désire faire taire l’opposition ou restreindre l’ampleur des manifestations. Pas moins de 28 pays d’Afrique l’ont utilisée depuis 2015 et, dans la moitié des cas, les interruptions se sont produites en période électorale. Cette année, des pannes ont par exemple été signalées le jour du scrutin en Ouganda (janvier), puis en République démocratique du Congo (mars). Au Sénégal (début mars), c’est l’accès aux réseaux sociaux et aux applications de messagerie qui a été limité temporairement après que l’arrestation du leader de l’opposition, Ousmane Sonko, eut provoqué un soulèvement populaire.
L’inventeur du World Wide Web, Tim Berners-Lee, juge que cette stratégie « ne devrait pas être tolérée ». L’informaticien britannique, qui avait choisi de s’exprimer sur ce thème à l’occasion du 32e anniversaire de sa célèbre création, est aussi l’instigateur du Contrat pour le Web, décrit comme « un plan d’action international pour rendre notre monde en ligne sûr et responsabilisant pour tous ». Ce manifeste lancé en 2019 enjoint notamment aux gouvernements du monde entier de « veiller à ce que tous puissent se connecter à Internet » et de « maintenir la totalité d’Internet disponible à tout moment ».